Par Abdelhamid Gmati Le 14e Salon international de la bande dessinée s'est tenu récemment (24 juin-3 juillet) à Tazarka. Comme d'habitude, les visiteurs y étaient nombreux, venant de la région, mais aussi d'autres villes et d'Algérie. On y a admiré les œuvres des bédéistes tunisiens et algériens consacrées à la révolution. Il y avait aussi d'autres activités culturelles. Traditionnellement, les visiteurs ne rataient pas l'occasion de faire trempette et de profiter de la belle plage de la localité. Mais ils furent surpris de constater que la plage était moyennement fréquentée, alors qu'il aurait dû y avoir foule. Surtout en fin de semaine. Pourquoi ? Une certaine crainte, une certaine peur, surtout parmi les dames, d'être agressées par des extrémistes, comme en 1986. Crainte décuplée par les événements qui ont eu lieu, la semaine dernière, au CinémAfricaArt. Ont-ils raison ? Le soir, la traditionnelle question : prolonge-t-on le séjour pour profiter, durant une autre journée, des plaisirs de la baignade, ou rentre-t-on chez soi ? Les âmes bien intentionnées ne tarissent pas de conseils, en de pareilles occasions : «Il vaut mieux rentrer et ne pas s'attarder, on ne sait jamais». Que craint-on ? D'être confrontés à des barrages de malfaiteurs, d'extrémistes ? Jusqu'ici, cela n'a pas eu lieu. La raison de cette crainte est que sur la route Tazarka-Tunis, on n'a rencontré aucun agent de sécurité (police ou garde nationale).Il y a là un paradoxe ; l'an dernier, en cette même époque de l'année, on rêvait du jour où on pourrait aller à Hammamet ou à Sousse sans rencontrer ces «maudits policiers ou gardes nationaux». Tout simplement, parce qu'il y en avait trop et on trouvait cela excessif. On vivait dans un régime policier et on avait peur «du gendarme ». Aujourd'hui, on s'est libéré de ce régime. Ce qui veut dire que la sécurité est l'affaire de tous, les policiers n'intervenant qu'en des cas extrêmes. D'où ce fameux numéro de «police-secours». Dans un Etat démocratique, la police n'est pas omniprésente, la sécurité étant assurée par le comportement civique des citoyens. Il est vrai que l'habitude met du temps pour s'estomper. Et nous avons intérêt à nous habituer à ne pas voir des flics partout sauf en cas d'incident inhabituel. L'un des slogans hérité de la révolution a été « Plus jamais peur ». Les jeunes et les moins jeunes, qui sont descendus dans la rue, partout à travers le pays, pour hurler leur ras-le-bol, n'ont pas eu peur. Ils avaient pourtant affaire à des forces résolues, armées et décidées. Où est donc ce slogan ? Reflète-t-il une réalité ou n'est-ce qu'un slogan creux ? L'été est là, et nous devons le vivre comme d'habitude, en travaillant, mais aussi en prenant des vacances. C'est la meilleure façon de contrer tous ceux qui, délibérément, veulent saboter l'ordre nouveau et faire regretter la révolution. Les élèves, les étudiants et tous les citoyens ont bravé les difficultés pour faire réussir l'année scolaire et universitaire. Il s'agit maintenant de faire réussir les vacances en attendant de réussir les élections et tout le cycle démocratique. Cela aura bien sûr un impact positif sur notre tourisme et notre économie. Les services concernés ont fait savoir que « cette année, il y aura une attention particulière portée sur les zones touristiques pour parer à des menaces d'agressions contre les Tunisiens ou les touristes étrangers. Des postes de police éphémères seront aménagés sur toute la côte, en particulier dans les grandes villes, des numéros d'urgence seront activés et les festivals, les parcs, les plages seront particulièrement surveillés». De nombreux hôtels, dans la banlieue nord de Tunis, affichaient complet au cours du dernier week end. Alors, allons à la plage et contribuons à la réussite de la révolution.