Le gouvernement belge a déploré dimanche la décision du Sénégal de renvoyer lundi dans son pays l'ex-président tchadien Hissène Habré, poursuivi pour crimes contre l'humanité. "Tenant compte des intérêts des victimes belges, notre pays a toujours plaidé pour une extradition de Hissène Habré et un jugement en Belgique", a souligné le ministère belge des Affaires étrangères dans un communiqué. La Belgique "déplore dès lors le fait que le gouvernement sénégalais ne respecte pas ses obligations envers la Cour internationale de Justice à La Haye, s'agissant de son engagement à ce que Hissène Habré ne quitte pas le Sénégal aussi longtemps que le différend avec notre pays n'avait pas été réglé", précise le ministère. "La Belgique appelle le Sénégal à veiller à ce que le Tchad, où Hissène Habré a déjà antérieurement été condamné à mort par contumace, offre les garanties nécessaires à un procès équitable", conclut le communiqué. En 2006, répondant à une demande de l'Union africaine, le Sénégal avait accepté, "au nom de l'Afrique", de juger sur son territoire l'ancien président tchadien pour crimes contre l'humanité, crimes de guerre et actes de torture commis pendant ses huit ans de règne (1982-1990). Après avoir tergiversé pendant des années, Dakar a décidé vendredi de renvoyer à N'Djamena l'ancien président, se justifiant par la nécessité de se conformer à la demande de l'UA qui prévoyait de "le juger ou l'extrader". M. Habré a été renversé par l'actuel président tchadien Idriss Deby Itno qui, après avoir été un proche, avait été accusé de complot et avait fui le Tchad en 1989 pour fonder sa rébellion et renverser son ennemi en 1990.