Le magnat américain des médias Rupert Murdoch et son fils James ont commencé à déposer mardi peu après 14H30 (13H30 GMT) devant la commission parlementaire britannique qui les a convoqués dans le cadre du scandale des écoutes. "Je ne me suis jamais senti aussi humble de ma vie", a déclaré le magnat américain des médias, au début de l'audition retransmise en direct à la télévision. Prenant place aux côtés de son fils, il a expliqué qu'il était "plus que disposé" à répondre aux questions des députés. Son fils, James Murdoch, a lui présenté ses excuses en son son nom et celui de son père, aux victimes des écoutes. "Je voudrais juste dire combien je suis désolé et combien nous sommes désolés, tout particulièrement aux victimes" de cette affaire "et à leur famille", a-t-il déclaré. Cette audience, ouverte au public, est l'une des plus importantes jamais menée par une commission parlementaire au Royaume-Uni. Il est rarissime que Rupert Murdoch, qui est à la tête à 80 ans d'un des plus importants empires de presse du monde, s'exprime publiquement. La salle où se tenait l'audition, qui compte 50 places, était pleine à craquer. La femme de Rupert Murdoch, Wendi, a pris place parmi les spectateurs. Dix députés de tous bords, membres de la "Commission culture, médias et sport", vont mettre les Murdoch sur le grill. Ils ont convoqué le magnat et son fils, numéro trois du groupe familial News Corp., pour leur demander de s'expliquer sur les écoutes pratiquées à grande échelle dans les années 2000 dans ce pays par un de leurs tabloïdes, the News of the World, aujourd'hui fermé. 4.000 personnalités de tous horizons pourraient avoir été victimes de ces pratiques, selon la police. Les députés devraient tenter de savoir jusqu'à quel point les Murdoch père et fils étaient au courant et s'ils ont cherché à dissimuler ces écoutes, notamment en versant des indemnités aux victimes. James a reconnu dernièrement avoir personnellement donné son accord à des paiements, mais il a affirmé qu'il n'était pas en possession de tous les éléments à l'époque. Les députés doivent ensuite entendre séparément à 15H30 Rebekah Brooks, l'ancienne "reine des tabloïdes" qui fut rédactrice en chef du NotW à l'époque des faits, puis directrice de News International, la division britannique de News Corp. Rebekah Brooks a été arrêtée dimanche, puis libérée sous caution, deux jours après avoir été acculée à la démission. Elle est soupçonnée "de participation à l'interception de communications" et de "corruption". A l'extérieur du Parlement, des curieux ont fait la queue mardi, certains pendant des heures, dans l'espoir de pouvoir assister à l'audience. "C'est le meilleur spectacle à Londres cet après-midi", s'enthousiasmait Andy Thompson, 40 ans, directeur d'une compagnie de théâtre canadienne. "Combien de fois aurez-vous la chance de vous retrouver dans une salle où les Murdoch et Rebekah Brooks se font cuisiner par les députés ? C'est historique !". Devant le bâtiment, un manifestant, grimé d'une masque à l'effigie de Murdoch, brandissait une pancarte avec l'inscription: "Recherché pour crimes journalistiques"