La finance islamique connaît encore des débuts timides en Tunisie. Hormis l'institution bancaire créée il y a quelques années par le gendre du président déchu et qui s'est spécialisée dans la proposition de produits bancaires conformes aux principes de la "chariaâ", aucun particulier n'a osé se lancer dans l'aventure et s'éloigner du schéma bancaire classique tunisien. En montrant sa résistance à la grande crise financière, ce type de financement s'est progressivement imposé comme une alternative intéressante au mode de financement conventionnel, attirant de plus en plus de capitaux qui se chiffrent actuellement à 1.000 milliards de dollars sur le marché mondial. Le développement de ce mode de financement bancaire permettrait non seulement de contribuer à diversifier les produits bancaires sur le marché tunisien, mais attirerait, par ailleurs, une nouvelle frange de particuliers et de clients qui sont intéressés par des produits bancaires conformes aux principes de la "chariaâ" islamique. Or, l'institution du mode de financement islamique en Tunisie nécessite l'instauration d'un nouveau cadre législatif concernant notamment la question de la fiscalité. C'est ce qu'a relevé M. Jalloul Ayed, ministre des Finances, lors de la première rencontre maghrébine qui s'est tenue récemment sur le thème «La finance islamique: larges opportunités pour la région du Maghreb arabe». Organisée à l'initiative du Conseil général des banques et des établissements financiers islamiques, en collaboration avec l'Institut islamique des recherches et de la formation (Iirf) relevant de la Banque islamique de développement, cette rencontre a vu la participation de nombreux directeurs de banques et des représentants d'établissements financiers islamiques qui ont présenté les avantages que représenterait l'injection de ce mode de financement dans le marché bancaire en Tunisie et les opportunités qu'il offre. Afin que la Tunisie puisse devenir un pôle en matière de finance islamique, M. Ayed a encore une fois relevé la nécessité de surmonter les obstacles réglementaires et, notamment fiscaux, et confirmé la nécessité de mettre en place un nouveau cadre législatif pour la finance islamique. «Nous sommes conscients des bouleversements de l'environnement international. Ainsi, nous souhaitons soutenir le financement islamique pour mieux répondre à ces nouveaux défis, et ce, avec la mise en œuvre d'un cadre législatif permettant de développer cette activité».