La nouvelle donne : Les Banques islamiques ont le vent en poupe * La carte de crédit : « Dialogue muet » avec la machine Il s'agit d'une doctrine financière qui remonte aux années 50 et 60. Le Pakistanet l'Egypte sont les premiers pays qui se sont essayés aux fondamentaux de la Finance islamique au sein de leur système bancaire. Développée par la suite dans les pays du Golfe, d'Asie et certains pays occidentaux tels que la Grande-Bretagne, la finance islamique tarde toujours à trouver la place qui lui échoit dans l'architecture bancaire et financière internationale. Sur le plan national, une deuxième banque islamique ouvrira ses portes au mois de mars 2010. Il s'agit de la banque Zitouna, laquelle emboîtera le pas à la BEST bank ou encore (Beit Ettamouil Saoudi Tounsi), établie en Tunisie depuis 1983. Basée sur deux principes : la prohibition de l'intérêt et la responsabilité sociale de l'investissement, la finance islamique se chiffre à 800 milliards de dollars à l'échelle mondiale. Les pays du Golfe se taillent la part du lion de la finance islamique, tant en terme du nombre de banques islamiques en place qu'en terme du volume d'actifs en portefeuille. Même si la dénomination : finance islamique ou banque islamique renvoie systématiquement à la confession musulmane, certains pays Occidentaux ont intégré et facilité le développement de ce modèle financier dans leurs structures financière et bancaire. Le Royaume-Uni est le premier pays européen adepte de la finance islamique. Le système bancaire britannique compte, en 2008, trois banques islamiques : Il s'agit de l'Islamic bank of Britain, de l'European Islamic Investment Bank et de la Bank of London and Middle East. Pour d'autres pays européens comme la France et après des années de réserve et de tergiversations en la matière, ce n'est qu'à partir de l'année dernière que la Finance islamique a retenu l'intérêt des Français. Au Maghreb et contrairement aux pays du Moyen-Orient, la finance islamique est peu développée.
L'arrivée de la « Zitouna » Hormis la Banque islamique « Beit Ettamouil Essoudi Ettounssi », opérationnelle en Tunisie depuis 1983, une loi a été adoptée en 2007 autorisant la création d'une institution islamique internationale en collaboration avec la BlD (Banque islamique de développement) chargée de financer et de promouvoir le commerce entre les pays arabes et plus particulièrement entre les pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Une nouvelle banque islamique baptisée «la Banque Zitouna » à vocation universelle renforcera le paysage bancaire tunisien. Le nouvel immeuble qui abritera les activités de cette nouvelle banque est en voie de finition. Il sera opérationnel à la fin du premier trimestre 2010. Au Maroc et pour améliorer le taux de bancarisation, trois produits financiers conformes à la « Charia islamique », ont été lancés en 2007 par Bank Al-Maghrib. Il s'agit notamment de : la « Moucharaka » fondée sur le principe de partage de pertes et de profits entre la banque et l'investisseur, la « Ijara » où la banque achète un bien et le loue à son client avec une promesse de vente à terme et la « Mourabaha », qui est un prêt à court terme sans intérêt rémunéré par une marge prédéterminée. En Algérie, la finance islamique s'exerce depuis 1991 à travers la banque AI Baraka d'Algérie.
Principes de la Finance islamique Pourquoi lorgne-t-on la finance islamique et quels en sont les principes ? La Finance islamique repose sur cinq principes de base : la quasi absence d'intérêt, l'interdiction de la spéculation, la prohibition de secteurs illicites dans les transactions bancaires, l'obligation de partage de profits ou de pertes et le principe « d'asset-backing » ou encore adossement de l'opération financière à un actif financier réel non risqué. Ainsi pour qu'il n'y ait pas de « Riba » dans une transaction, trois conditions s'imposent : L'opération doit comprendre un bien à échanger. Un prix fixe prédéfini. Payement différé. Par exemple, si un client d'une banque islamique veut acquérir un crédit automobile ou immobilier. Dans ce cas, la banque acquiert elle même le bien en question. Elle s'engage par une promesse de vendre ce bien à la personne concernée, moyennant une marge bénéficiaire fixée à la signature du contrat. La propriété du bien est transférée au client au moment du paiement de la valeur du bien majorée par la marge bénéficiaire convenue. La marge bénéficiaire est une valeur fixe et ce contrairement au taux d'intérêt qui correspond à une valeur variable qui augmente dans le temps. Idem pour les crédits à l'investissement. La banque islamique règle elle-même directement le fournisseur des biens d'équipement, sur factures fournies par son client. Toujours, dans le cas des crédits à l'investissement, la banque islamique peut participer dans le financement du projet en question et partager les pertes et les profits selon leurs apports respectifs en capital, d'où le principe du partenariat entre l'institution financière et l'emprunteur. Dans le cas de partenariat passif, la banque finance entièrement l'entrepreneur et partage les bénéfices avec le client selon un pourcentage fixé à la signature du contrat. La seule source de revenu possible pour l'emprunteur est sa part de bénéfice et la banque prend à son entière charge les pertes éventuelles. Aussi, l'intérêt de valeur n'existe pas chez une banque islamique, l'argent ne peut se multiplier qu'avec l'investissement. Concernant les comptes, il existe bel, et bien les comptes courants et les comptes d'épargne dans la banque islamique. Néanmoins, il n'y a pas de rémunération pour le compte de dépôt à vue. Le compte d'épargne est rémunéré, à chaque fin d'exercice, selon les gains de la banque. Ainsi, un bilan est établi suite aux différentes transactions et activités bancaires, et le client bénéficie du pourcentage qui lui est dû en cas de gain et qui varie selon l'ancienneté et le solde moyen de chacun. Il s'agit alors de profits à distribuer et non pas d'intérêts. A la différence d'une banque classique, la banque islamique doit disposer d'un comité religieux, une sorte d'assemblée religieuse consultative, et qui fait aussi des rapports et valide les activités de la banque. La finance islamique favorise une relation de partenariat entre le prêteur et l'emprunteur. Elle pourrait ainsi offrir une réelle alternative dans la finance internationale qui paie actuellement la facture du développement des crédits hypothécaires et des produits financiers à risques.
La première banque islamique fut créée en Egypte, à Mit aux alentours de 1963 Alors que 25% de la population mondiale est de confession musulmane, certains estiment que 40 % à 50% de leur épargne seront gérées par la finance islamique d'ici 8 à 10 ans, contre 10 % vers 2007.
Les cinq premières banques islamiques du Golfe Persique sont, au 30 juin 2008 : * Al-Rajhi Bank (Arabie Saoudite) :40 milliards de dollars d'actifs fin juin 2008, * Kuwait Finance House (Koweït) : 38,7 milliards, * Dubai Islamic Bank (Emirats arabes unis) : 24,9 milliards, * Abu Dabi Islamic Bank (Emirats arabes unis) : 13,1 milliards, * Albaraka Banking Group (Bahreïn) : 11,1 milliards. ------------------------------------ La carte de crédit : « Dialogue muet » avec la machine Un nouvel outil de paiement a vu le jour en Tunisie à l'aube du nouveau millénaire, c'est la carte de crédit - Aujourd'hui, elle est généralisée à toutes les banques - ses avantages réels ne sont plus à démontrer. Mais il n'y a pas que des avantages. Dès que la machine se grippe : Bonjour les dégâts ! Najla B.A a perdu sa carte de crédit, et la banque lui en a accordé une autre. Seulement, les employés de la banque ont oublié de l'activer. Un oubli qui ne tardera pas à mettre Najla dans des situations pénibles. Elle était à 400 Km de chez elle, lors d'un week-end, elle manquait de liquidité. Elle a fait appel à sa carte, qui ne fonctionna point. La banque l'activera plus tard. Un samedi, que le réseau bancaire était bas, Najla a effectué ses courses dans un hyper marché, le montant était de 262 dinars, et encore une fois, elle se retrouve avec ses courses sans pouvoir les payer, alors que la caissière avait essayé la carte à deux reprises. Najla et son mari ont dû appeler un ami pour les tirer de l'embarras. Le jour même, elle essaya de retirer 100 dinars, et le phénomène se renouvela. Le problème ne se résume pas dans ces situations pénibles, mais une autre surprise attendait Najla. Chaque fois qu'elle avait essayé sa carte pour retrait ou payement, cela était enregistré virtuellement à la banque, même si sur le plan réel, Najla n'a pas eu de l'argent. Cela lui coûta un total de 670 dinars qui lui ont été retirés automatiquement de son compte et elle s'est retrouvée dans le rouge. Elle a dû se déplacer à l'agence et faire une réclamation afin que la somme lui soit restituée, ce qui a été, au moins, effectué. Mais pour aussi importantes que soient les relations des banques dans la proximité quotidienne du citoyen à travers chèques, cartes de crédit, et crédits personnels etc. C'est le rôle joué par les banques dans l'essor de l'économie nationale qui reste le plus saillant et le plus réconfortant. Ce rôle, le secteur bancaire est appelé à le renforcer davantage dans l'avenir à l'heure des mutations mondialistes. Dans son discours programme 2009 – 2014 le Président Ben Ali n'a pas manqué de le souligner : « Nous incitons les banques tunisiennes à une plus grande présence sur les places extérieures et à créer des pôles bancaires agissants sur le marché national. Notre vœu est que la contribution des services bancaires au Produit Intérieur Brut atteigne 5% à la fin de l'année 2014 ». Mais en attendant, on ne peut passer sous silence ces nouveaux nés dans le club des banques et dont on attend beaucoup dans ce processus de développement : ce sont les banques islamiques.