Le patrimoine culturel de notre pays ne se limite pas aux œuvres héritées de l'Antiquité qui sont aujourd'hui en première ligne de l'actualité culturelle, (déclassement de zones archéologiques et pillages...). Depuis l'indépendance, l'Etat et les institutions publiques ont acquis des œuvres d'arts plastiques et de l'artisanat traditionnel. Cependant, ces acquisitions n'ont pas été suivies d'un projet muséal pour les exposer au public. La plupart de ces œuvres sont encore entreposées dans les locaux du ministère de la Culture et à l'Office de l'artisanat (où et comment‑?), d'autres ont été prêtées pour décorer et meubler les bureaux des ministères, les ambassades à l'étranger, offices nationaux, hôtels de la Shtt… Il est urgent aujourd'hui de réactualiser les inventaires initialement établis pour consigner ces prêts, et les confronter avec la présence réelle et authentifiée de ces œuvres. Cette procédure est d'autant plus nécessaire que les dernières décennies ont été caractérisées par des pratiques délictueuses contre notre patrimoine. Par ailleurs, qu'attendons-nous pour faire sortir de l'oubli et honorer le travail de nos artistes et de notre artisanat‑? Qu'attendons-nous pour créer un musée national et des musées régionaux qui rassemblent les œuvres disséminées et invisibles au grand public‑? Des bâtiments qui auraient pu abriter un projet de ce genre, telle que l'ancienne centrale de la Steg à La Goulette qui a été corps et âme définitivement détruite, tel aussi l'ancien ‘'Casino'' du Belvédère qui, après avoir été, durant quelques années, le Musée d'art contemporain, connut une autre destination, on ne sait pourquoi ? De nombreux projets de création d'espaces d'art et de culture qui furent présentés au ministère de la Culture sont restés lettre morte. Que d'occasions manquées ! Le choix de l'ancien régime a préféré entreprendre la construction, à grands frais d'une Cité de la Culture, sur un site inapproprié, d'une architecture contestable et aux objectifs aberrants. Aussi, afin de responsabiliser les pouvoirs publics et surtout sensibiliser et éduquer le citoyen aux valeurs supérieures de l'art et de la culture, ne faut-il pas créer, dès à présent, une commission nationale des arts dont le rôle sera, d'une part, de réfléchir sur les moyens et proposer les solutions pour promouvoir le patrimoine historique et l'action artistique, d'autre part, de veiller au respect de l'esthétique dans l'aménagement du paysage urbain et du respect de l'environnement sur l'ensemble du territoire national. Enfin, en cette période préélectorale où la Tunisie doit relever de nombreux défis et affronter le triste cortège de la pensée et de la culture uniques, il est souhaitable que les partis politiques s'expriment sur un projet de société où les arts occupent une place de choix dans le programme de développement économique, social et culturel du pays. La situation géographique, l'histoire et la culture de la Tunisie légitiment cette ambition.