Après Sidi Bouzid, Kasserine, Nabeul et Sfax, le spectacle musico-poétique «Tunisie-Poésie» fait aujourd'hui la clôture des Nuits de Carthage. Une conférence de presse a été organisée hier pour en parler. Sghaïer Ouled Ahmed, le concepteur, organisateur et régisseur de cette manifestation, y était accompagné par trois de ses invités poètes : Yahya Battat d'Irak, Joulane Hajji de Syrie et le conteur marocain Anis Rafaï. Ils font partie d'une dizaine de poètes arabes sollicités pour l'occasion. Le principe de «Tunisie-Poésie» est de raconter, d'analyser et d'accompagner la révolution avec des vers et de la musique. «Bon nombre des slogans brandis dans les soulèvements populaires dans le monde arabe sont inspirés de poèmes contemporains», affirme Sghaïer Ouled Ahmed. Ses invités, qui viennent aussi d'Egypte, de Libye, de Palestine, d'Algérie et du Liban, ont fait le déplacement pour être «là où tout a commencé, voir les gens ordinaires qui se sont soulevés dans les régions délaissées». «Nous aimerions passer de l'état de stupéfaction à celui d'observation», ajoute l'un d'eux. Ils ne seront pas seuls sur scène. Tout au long de l'itinéraire de «Tunisie-Poésie», ont participé des poètes tunisiens tels Kamel Bouajila, Jamel Slîi et Jamel Jelassi. Ceux qui prendront part à la soirée de clôture sont Yosra Frawes, Moncef Ouhaïbi, Oumaïma Zaïer et Ameur Miizi. Quant aux poètes invités, à part ceux présents à la conférence, il y aura Sayed Hijab d'Egypte, Zouhaïr Abou Chaïeb de Palestine et de Jordanie et Moujib Abderrahmane Hrach du Yémen. Le volet musical du spectacle sera assuré par la troupe Les Colombes (Al hamaiem al bidh). Présent lors de la conférence, Hachèd Kobbi, l'un des membres, a évoqué leur contribution. «C'est une grande responsabilité», fait-il remarquer en expliquant que leur effort a été dirigé de manière à ce que la musique n'écrase pas la poésie. Ils interpréteront, entre autres, un nouveau titre intitulé «Achâab yourid iskat annidham» (le peuple veut la chute du régime), qui n'est autre que le slogan des soulèvements populaires arabes. Il a conclu en disant que «ce spectacle peut être un tournant dans la carrière des Colombes». Pour donner un sens à tout cela, on a fait appel au metteur en scène Ridha Boukadida. Pour sa part, la période de préparation étant trop courte, il a opté pour un travail de scénographie (décoration de la scène, entrées et sorties des poètes, etc.). Le spectacle sera ainsi organisé en quatre quatuors. Sept minutes environ seront accordées à chaque poète. Ce qui fait un total d'une heure et demie. En ce qui concerne le choix des invités, Sghaïer Ouled Ahmed a pour critères : premièrement, «un minimum de qualité artistique» et, deuxièmement, «que le poète soit un pro-révolution». Il n'a pas nié être la cible d'une campagne de contestation l'accusant de «gaspiller l'argent des martyrs». «Les martyrs ne nous ont pas laissé d'argent», a-t-il répondu en indiquant que «Tunisie-poésie» a coûté beaucoup moins cher que le plus simple des concerts. Comme il a reconnu avoir commis des erreurs d'organisation, étant à lui seul chargé de tout. Il aurait pu, selon ses dires, s'entourer d'une petite équipe qui se serait chargée de la communication et de la coordination… Il a bien raison!