Les météores ont été les rois de la soirée organisée, avant-hier, à Bir Belhassen, par la Société astronomique de Tunisie. Chaque année, au milieu du mois d'août, les membres de cette organisation amateurs d'astronomie organisent une nuit des étoiles pour observer de petits météores — ou étoiles filantes — qui traversent le ciel et qui sont nombreux en cette période de l'année. «La Terre traverse un flux de météores. Ce sont les étoiles filantes que nous voyons dans le ciel. Le phénomène lumineux provient de leur frottement au contact de l'atmosphère», observe un des membres de la société. Vers 22h00, des parents accompagnés de leurs enfants ont pris place dans l'espace aménagé en plein air pour suivre un exposé sur l'astronomie arabe dont l'apport dans l'évolution de cette science a souvent été ignoré. C'est pour des raisons pratiques que les Arabes se sont intéressés à l'astronomie. Ces derniers, qui étaient pour la plupart des commerçants caravaniers, devaient non seulement savoir s'orienter, mais il était aussi question de déterminer les heures de prière ainsi que la direction de la Mecque. Les grands astronomes arabes, tels que Barouni, se sont basés sur les travaux des Babyloniens, des Perses et des Grecs, dont Ptolémée qui a vécu au IIe siècle en Egypte et qui a laissé son fameux Almageste, fruit de nombreuses années d'observations sur les planètes et les astres. En observant l'ombre d'objets sur la terre, l'astronome se rend compte que la terre n'est pas plate et calculera le rayon et la surface du globe. A partir de ses observations, l'astronome écrira un traité d'astronomie dans lequel il présente un modèle géocentrique qui place la terre au centre de l'univers: modèle qui servira pendant des années de référence avant d'être abandonné au XVIIIe siècle. Par la suite, les astronomes arabes reprennent les idées de Ptolémée, mais se rendent compte qu'il y a des erreurs concernant, entre autres, le mouvement de la lune. Ils vont faire progresser cette science. Les Arabes vont découvrir que la terre tourne autour du soleil, calculer la surface de la terre et le degré d'inclinaison par rapport au soleil. Ils découvriront aussi que le soleil subit un changement d'orientation de son axe de rotation. Un astronome arabe, Thabit ibn Qurrah, calculera même au XIe siècle le temps mis par le soleil pour effectuer un tour complet. Les astronomes arabes détermineront également l'angle formé par le grand cercle de la sphère céleste avec l'équateur et travailleront sur les mécanismes de réflexion de la lumière solaire, ainsi que sur les mouvements solaires et lunaires (éclipses solaires et lunaires). Pour effectuer leurs recherches et établir leurs données, ils utiliseront divers instruments, comme le quadrant, le globe céleste, l'araignée et notamment l'astrolabe, instrument qui permet de déterminer la hauteur d'une étoile par rapport à l'horizon et de calculer sa position. L'exposé a suscité des questions. Un enfant âgé de huit ans interroge l'intervenant sur le mode de fonctionnement de l'astrolabe. Une jeune fille prend la parole à son tour pour poser une question sur la découverte et l'explication des mouvements solaires et lunaires par les astronomes arabes, alors qu'ils considéraient que la terre était le centre de l'univers. Les membres de la société ont ensuite organisé un atelier pour les enfants afin de leur expliquer le phénomène des saisons, à partir d'un globe terrestre et d'un faisceau de lumière représentant le soleil, avant d'inviter tout ce beau monde à venir observer les météores à partir d'un télescope géant.