Les danses et les musiques du monde ont toujours trouvé preneur dans la programmation du festival de la Médina. La soirée d'avant-hier s'inscrit dans cette vocation même de partage et de découverte de la culture d'autres peuples, à la fois si différents et si proches de nous, avec un spectacle de danse venu du fin fond de l'Arménie. La danse, qui est une composante indissociable de la culture de ce pays, met en valeur le génie ancestral des Arméniens. Sa transmission s'est effectuée à travers les siècles pour s'épanouir, aujourd'hui, essentiellement hors des frontières de ces contrées. Créée en 2000 à Alfortville (Val-de-Marne) par Christina Galstian Agoudjian,directrice artistique, comédienne, danseuse et chorégraphe issue, entre autres, du Ballet National d'Arménie, la compagnie Yeraz, qui veut dire «rêve» en arménien, est fondée sur une double exigence : préserver et transmettre le riche répertoire de la danse arménienne, d'une part, et laisser une large place à la création artistique, d'autre part. «Parfums d'Arménie» est la première création de cette compagnie composée d'artistes de toutes les générations. Il s'agit d'une véritable fresque, dont l'originalité réside dans une approche scénique d'inspiration parfois contemporaine, délivrée des modèles classiques préexistants, pour s'ouvrir à des choix artistiques novateurs intégrant tradition et modernité. La danse arménienne y est réappropriée, réinventée, perpétuant ainsi l'héritage d'un art toujours vivant. «Parfums d'Arménie» était une belle découverte pour le public du festival de la Médina, la compagnie Yeraz a sorti le grand jeu et s'est investie, entièrement, dans les chorégraphies qui alternent des figures de danse moderne et des tableaux d'inspiration traditionnelle. Une vingtaine de danseurs et danseuses habillés de mille couleurs nous ont fait voyager sur les rythmes de leur musique parfois dansante et entraînante et tantôt languissante et mélancolique. Avec la portée de la danse et de la musique, la compagnie Yeraz nous a raconté l'histoire douloureuse de ce pays du Caucase, longtemps sous domination soviétique et qui a subi un des pires génocides du XXe siècle. Avec ces beaux tableaux de danse on nous a raconté les influences subies, la diaspora, l'amour de la terre et l'attachement à sa culture. Après ce moment de pur plaisir, on est sorti, tout de même, avec un goût d'amertume et une pensée pour notre troupe des arts populaires, abandonnée à son sort!