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La zone euro vers une nouvelle crise
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 08 - 2011


Par Mohamed Ali TRABELSI *
Les turbulences que traversent les marchés de capitaux depuis l'été de 2007 et leur intensification depuis la mi-septembre 2008 ont eu de lourdes conséquences pour l'économie mondiale1. Même si le marché américain des prêts hypothécaires à haut risque est la cause immédiate de ces turbulences, les marchés de capitaux et les institutions financières de la zone euro ont pris part au cycle prolongé du crédit observé ces dernières années et ont subi de plein fouet l'aggravation des tensions sur les marchés de capitaux. C'est la première crise financière que connaît la zone euro. Aujourd'hui, la priorité pour tous les pays membres est de trouver des solutions à la crise financière et de les mettre en œuvre rapidement.
Crise financière dans la zone euro
Face à cette crise, l'Union européenne (UE) a pris des mesures de grande ampleur en mettant un plan de stabilisation financière d'un montant de 750 milliards d'euros sous la forme de prêts et de garanties2. La zone euro s'est donné ainsi les moyens de soutenir si nécessaire tout état membre confronté à de graves difficultés de financement. De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) s'est engagé à abonder l'éventuel soutien européen à hauteur de la moitié de son montant. Enfin, la Banque centrale européenne (BCE) a appuyé le dispositif par l'achat des titres de dettes publiques et privées de la zone euro. En conséquence, les pays touchés de la zone euro devront durablement convaincre de leur solvabilité par un assainissement crédible de leurs finances et aussi par des réformes en faveur de leur croissance économique. En effet, la crise qu'affronte la zone euro actuellement est une crise des dettes publiques. Après la Grèce, c'est l'Irlande qui est menacé et prochainement d'autres pays comme le Portugal, l'Italie, l'Espagne et le Royaume-Uni connaîtront le même sort.
Le plan de redressement des finances publiques grecques tarde à venir et la crainte d'une contagion à l'ensemble de la zone euro s'accroît de jour en jour. Dans ce contexte, les analystes doutent encore de la capacité de la Grèce à assainir ses comptes et à faire face à ses obligations financières (le paiement de la dette et les intérêts) et par la suite à redresser son économie. Elle a donc dû appeler à l'aide ses partenaires européens et le FMI qui se sont engagés à lui prêter 110 milliards d'euros sur trois ans. En contrepartie, la Grèce devra mettre en œuvre, sous le contrôle étroit de ses nouveaux créanciers, un assainissement budgétaire drastique. Toutefois, ce plan de sauvetage en faveur de la Grèce n'a pas empêché la défiance d'une propagation à d'autres Etats européens (Portugal, Espagne, Irlande et Italie).
- Le cas de la Grèce
La crise grecque a cruellement dévoilé une autre faiblesse de l'édifice budgétaire de l'union monétaire : le manque de contrôle de la politique budgétaire des Etats membres. En effet, ce système n'a pas empêché la Grèce de s'introduire dans la zone euro en faisant de fausses déclarations sur les chiffres de sa dette publique et de son déficit budgétaire. Le système n'a pas non plus empêché le gouvernement grec de tromper de nouveau Bruxelles en 2009 en déclarant un déficit budgétaire situé entre 6 et 7% alors qu'il avoisinait en réalité les 13%.
- Le cas de l'Irlande
Le déficit de l'Irlande vient des créances pourries des banques qui ont été prises en charge par l'Etat. Plusieurs raisons expliquent les difficultés actuelles de l'Irlande. Premièrement, le coût du renflouement des banques irlandaises s'élève à 70 milliards d'euros. Ce qui représente la plus grande proportion de dette / PIB au monde. De plus, les prévisions de croissance ont été revues à la baisse (– 1,1%) au lieu des 2,5% prévus initialement pour 2011. Or la croissance économique est nécessaire pour rembourser la dette.
La monnaie européenne est elle une force ou une faiblesse ?
La mise en place de l'euro a permis d'éviter aux pays membres que leur monnaie soit attaquée sur les marchés financiers et le risque d'être obligés de la dévaluer. Elle s'est accompagnée de la mise en place du pacte de stabilité qui oblige les gouvernements à respecter des limites à leur déficit et à leur endettement. En effet, afin de répondre essentiellement à la crainte de dérapage des déficits budgétaires, le traité de Maastricht a mis en place une procédure destinée à éviter les déficits excessifs. Ainsi, la dette publique ne doit pas dépasser 60% et le déficit public annuel est plafonné à 3% du produit intérieur brut national. Dans ces limites, chaque pays a toutefois conservé sa politique économique et budgétaire. Certains analystes estiment même que la protection de l'euro a pu favoriser chez certains gouvernements une politique économique et budgétaire laxiste, aux dépens de l'ensemble de la zone.
Les faiblesses de l'organisation économique de l'UE
Dans la crise économique mondiale qui touche aujourd'hui massivement l'Europe, les faiblesses de l'organisation économique de l'Union sont de nouveau apparues. Tant face à la crise financière que face à la crise économique, les Etats européens ont réagi de manière individuelle et sans concertation et parfois ont pris des positions opposées. La BCE et les gouvernements européens ne trouvaient pas la combinaison appropriée entre politiques monétaire et budgétaire car l'Union européenne n'a pas de centre de décision de politique économique capable de fixer et de coordonner la politique budgétaire des Etats membres.
Seul un rééquilibrage de l'Union économique et monétaire (UEM), à travers l'instauration d'un gouvernement économique européen et d'une réforme de la concurrence entre les Etats, permettra de surmonter réellement la crise. En effet, la mise en place d'un gouvernement économique européen permettrait d'inciter davantage les Etats membres à mettre en œuvre la «Stratégie UE 2020» après l'échec de la «Stratégie de Lisbonne». Certes, l'Union européenne en est arrivée à envisager la création d'un Fonds monétaire européen (FME) qui permet l'achat des obligations d'un pays en crise. Toutefois, il n'existe pas encore de projet harmonisé mais plutôt deux propositions qui semblent retenir l'attention des Européens (Financial Times Deutschland, 11 mars 2010).
Un projet, présenté par Daniel Gros et Thomas Mayer, le président de la Deutsche Bank, prévoit la création d'un fonds alimenté par des pénalités que les pays déficitaires auraient à verser lorsqu'ils dépassent les limites d'endettement prévues par les critères de Maastricht. Les pays ayant au préalable financé le FME pourraient ainsi, lorsqu'ils sont confrontés à une crise d'endettement, recevoir une aide indirecte.
Le ministère allemand des Finances travaillerait sur une deuxième variante du FME se rapprochant du modèle du FMI. Dans cette variante, tous les pays membres cotiseraient au fonds en fonction de leur puissance économique. En cas de crise, le pays concerné et membre du FME pourrait disposer de crédits s'il adopte un programme strict d'ajustement. Certains membres de la BCE ont exprimé de sérieuses réserves à l'encontre de cette idée parce qu'ils y voient une invitation faite aux Etats menacés de déficit à s'endetter davantage. Ce qui rend les projets du FME contre-productifs.
Quelle sortie de crise dans la zone euro ?
Afin de définir une politique commune de sortie de crise, Jamet (2008) propose deux solutions :
• La réforme de la gouvernance de la zone euro qui doit reposer sur les fondements suivants : la supervision de l'endettement privé, l'internalisation de la règle budgétaire dans le droit des Etats membres et l'adoption de positions communes sur les déséquilibres économiques internationaux.
• La définition d'un programme commun de réformes structurelles en vue de remplacer la stratégie de Lisbonne.
Cette analyse montre qu'il est temps de réfléchir à un projet de transformation sociale passant par la réglementation des marchés financiers, la croissance économique afin de combattre le chômage et le développement des services. Pour ce faire, deux solutions seraient envisageables : une autorité unique de supervision financière pour l'Union européenne ou un système européen d'autorités de supervision financière comportant un organisme central collaborant avec les organismes nationaux.
L'Union européenne devrait profiter de la crise grecque pour réparer les défauts structurels de l'union économique et monétaire issue du traité de Maastricht en instituant un gouvernement économique européen. Non seulement la création d'une telle institution permettrait d'éviter les crises de la dette, mais elle aurait en outre l'avantage de doter l'UE d'un instrument de politique budgétaire qui lui permette de conduire une politique conjoncturelle cohérente. Il faut aussi réfléchir sur une interdiction de certains instruments financiers comme la vente à découvert ou les Credit Default Swaps (CDS) afin de limiter la spéculation des marchés financiers. Enfin, la création d'un FMI européen pourrait aider à combattre les crises d'endettement.
* (Maître de conférences, Ecole supérieure de commerce de Tunis, Université Manouba)
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1) The impact of the financial crisis on the global economy: Can the Islamic financial system help?, Journal of Risk Finance, 12(1), pp. 15-25, (2011).
2) The Euro-Zone; is it the crisis ahead!, EuroEconomica, 28(2), (2011).


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