C'est avec le danseur indien Raghunat Manet que le public du festival de la Médina avait rendez-vous, dimanche dernier, au Théâtre municipal. Et disons-le tout de suite, on était loin du grand show et du grand spectacle, le programme proposé tenant plus de l'animation relevée. Tout y était : les couleurs vives de l'Inde, les pas et les mouvements de tête typiques de leurs danses, en plus d'un Raghunat Manet sur scène, (joliment habillé) avec trois charmantes danseuses, s'adonnant avec bonne humeur aux déhanchements locaux sur une musique de fond, rehaussée par le son de la tabla jouée, par le seul musicien "live" qui les accompagnait. Mais voilà, reste qu'il régnait comme un sentiment d'inachevé, de spectacle "fast-food" servi sur fond de folklore, pour être vite desservi…Les chorégraphies offertes par ce petit monde n'avaient de riche que les costumes et les habits des danseurs qui semblaient parfois comme perdus dans les enchaînements. Des teintes joyeuses et une musique dépaysante, certes, mais qui n'ont pas atténué le fade régnant. Et la «polyvalence» dérangeante du danseur, "homme à tout faire" (chant, danse, instrument) n'a rien arrangé et n'a fait qu'accentuer cette ambiance de spectacle d'animation. Ce n'est que lorsque Raghunat Manet a sorti son veena, instrument traditionnel de l'Inde du Sud, avec lequel il a parcouru le monde, que la soirée s'est imprégnée comme d'une teinte de poésie. Le veena est, en effet, considéré comme l'un des instruments de musique les plus anciens sur terre, attribué dans la mythologie hindoue à Saraswati, la déesse de l'érudition et des arts. Caressé, ce soir-là, par les doigts du danseur (chanteur !), il dégageait un son qui nous a, un tant soit peu, transportés dans de brefs songes et l'on aurait pu, franchement, se contenter de cela !