21 ans et c'est déjà une jeune fille mûrissante. D'une très rare beauté, enveloppée dans sa combinaison de travail confortable et fonctionnelle, coiffée d'une casquette réfléchissante fluo, portant le logo Agil, Marwa Aouadi, très aimable et pleine de gaieté, ne trouve aucune difficulté à nous raconter sa passionnante aventure parmi l'équipe du centre d'emplissage de gaz d'Agil à Radès. Arrangeant la fermeture zippée de sa combinaison aux poches multiples, serrée par une ceinture élastiquée, l'unique ouvrière parmi une équipe essentiellement composée d'hommes, Marwa Aouadi siffle du bout des lèvres qu'elle ne ressent aucune gêne à travailler dans une chaîne où il n'y a que des hommes. Humble et obéissante, elle s'assit avec douceur sur le petit fauteuil de bureau, où la lumière du jour filtrait ses rayons. Ni la charge du travail, ni sa nature ne constituent une source de malaise pour elle. En effet, ayant bénéficié de stage de formation, la plus jeune des employés décrit avec précision les multiples tâches de la mission qui lui incombe au hall de remplissage des bouteilles. En effet, «le remplissage des bouteilles s'effectue via une pince placée manuellement au droit de l'orifice du robinet de la bouteille», indique-t-elle. Marwa Aouadi, qui est préposée au branchement des pinces, actionne alors une manette qui déclenche le cycle pneumatique : branchement de pince, ouverture du robinet de la bouteille, ouverture d'une vanne à gaz qui permet l'alimentation en produit de la pince. Une fois le remplissage fini, (détection automatique par témoin de pesée de la bouteille), déclenchement du cycle suivant (fermeture de la vanne à gaz et du robinet de la bouteille, débranchement de la pince et éjection de la bouteille vers la chaîne de la sortie. «Passionnée, studieuse et austère, elle trouve son bonheur dans ce milieu jadis réservé à la gent masculine», dira le chef du centre, visiblement content des services de la jeune recrue. Très à l'aise dans ses bottines de sécurité confortables et résistantes en cuir imperméabilisé de qualité avec doublure interne respirante, la jeune fille qui admet que l'odeur du gaz GPL l'a gênée au début, mais qu'elle a fini par s'accommoder avec la senteur ambiante au centre et aux effluves du gaz. Ses compagnons de travail évoquent d'elle sourires et folâtreries d'une jeune fille aimant et chérissant son travail, ne redoutant nullement le labeur et autres accoutrements de sécurité qui la privaient des fragrances féminines et prenant un plaisir vif et brûlant dans sa tâche.