• Le problème du centre de traitement des déchets industriels et spéciaux de Jradou a fait parler de lui au cours des derniers mois. Les médias ont relevé que les employés et les cadres ne sont pas d'accord pour fermer le centre qui, malgré certains problèmes relevés, n'a pas d'effets négatifs sur la nature d'après les experts désignés par le tribunal de première instance. Mais tous les aspects de cette affaire ont-ils été dévoilés ? C'est ce que nous essayons de mettre en évidence dans cet article... Le bras de fer se poursuit entre, d'un côté, les habitants du village de Jradou et, de l'autre côté, le ministère de l'Agriculture et de l'Environnement et les employés du centre de traitement des déchets industriels et spéciaux. Le tribunal de première instance a déjà rendu son verdict sur la base d'un rapport d'experts qui ont visité le centre en question et qui ont donné raison aux doléances de la population en soulignant la nécessité d'un arrêt des activités. Les autorités publiques ont interjeté l'appel et l'affaire sera examinée définitivement en octobre. Le ministère chargé de l'Environnement souhaite donc que les employés puissent accéder au centre au cours des prochains jours pour effectuer les opérations de maintenance afin de ne pas " perdre " cette importante réalisation " unique en son genre en Afrique " et qui entre dans le cadre de la coopération tuniso-allemande. Compte tenu des rumeurs qui circulent sur une éventuelle fermeture du centre, les employés – qui perçoivent leur salaire tout en restant chez eux – craignent de perdre leurs postes. Ils s'étaient rendus mercredi 24 août au ministère de l'Agriculture et de l'Environnement pour exprimer leur inquiétude à M. Salem Hamdi, secrétaire d'Etat chargé de l'Environnement en présence des responsables concernés. Au préalable, ils avaient envoyé une pétition à ce dernier en date du 16 août pour décrire la situation. Une intervention rapide est requise Les employés ont essayé, le 28 février dernier, date à partir de laquelle ils ont été empêchés de travailler, de garder le centre et d'apaiser les esprits des manifestants, en l'occurrence les habitants de la zone de Jradou qui considèrent que le centre a un impact négatif sur la terre et l'eau, malgré le rapport finalement rassurant des experts, même s'il comporte des réserves, celles-là même sur lesquelles le tribunal s'est appuyé pour motiver la décision de fermeture. Les employés ont tenté à plusieurs reprises de contacter le secrétaire d'Etat chargé de l'Environnement en vue de reprendre les activités du centre en se basant sur des méthodes pacifiques et juridiques. Les employés du centre estiment aussi qu'il n'existe aucune raison juridiquement valable de les empêcher de travailler, indiquant que leur gagne-pain est menacé aujourd'hui de disparition, surtout que des rumeurs font état d'une interruption prochaine de l'octroi des salaires. Ils appellent l'autorité chargée de l'Environnement à intervenir efficacement dans les plus brefs délais pour leur permettre de reprendre leur travail. C'est que les manifestants leur ont coupé la route, les empêchant d'accéder à leurs postes sans faire prévaloir un appui juridique. Les travailleurs disent qu'ils sont obligés d'utiliser les mêmes moyens (usage de la force) en vue de reprendre leur travail et préserver leur gagne-pain. Il n'est pas normal qu'une partie de la population – ne représentant pas les habitants de Jradou – , estiment-ils, font fi de notre dignité et notre source de revenus au nom de la loi de la jungle. Lors de leurs interventions en présence du secrétaire d'Etat à l'Environnement, les plaignants ont exprimé, de nouveau, leur volonté de travailler en contre-partie du salaire perçu. Ils mettent l'Etat devant ses responsabilités en cas de non-octroi des salaires ou de fermeture du centre. " Nous ne pouvons pas intervenir en tant qu'employés pour convaincre la population», estime un intervenant. C'est à l'Etat de le faire en utilisant tous les moyens en sa possession ". Plusieurs propositions ont été formulées à cet effet comme, à titre d'exemple, l'organisation d'une mission en Allemagne au profit de représentants des habitants de Jradou pour comparer la méthode de traitement utilisée dans ce pays et celle pratiquée par le centre incriminé. Les employés ont proposé également la tenue d'une conférence de presse animée par les responsables du ministère et les experts qui ont fait les analyses et les études afin de confirmer pour tous les Tunisiens que les activités du centre n'ont aucun impact négatif sur la nature et sur les habitants". Le Secrétaire d'Etat a rassuré les plaignants en essayant de les calmer, indiquant que les autorités compétentes ne vont pas rester passives face à cette situation. L'objectif étant de permettre au centre de reprendre ses activités dans les meilleurs délais. Les déchets industriels qui étaient traités dans le centre sont, soit stockés temporairement au sein même des entreprises, soit jetés dans la nature et les oueds, contribuant à la dégradation du milieu. Après la révolution, le 28 février 2011, des habitants de Jradou avaient fait un sit-in près du centre, empêchant la société allemande exploitante d'y accéder et de poursuivre ses activités, sous prétexte que celles-ci ont des impacts négatifs sur la santé de l'homme et de l'animal et sur le milieu naturel. Quatre personnes, des habitants de Jradou, ont intenté un procès contre l'ANGed et la société exploitante auprès du tribunal de première instance de Zaghouan. Ils ont demandé la désignation d'experts neutres pour effectuer le diagnostic du risque présumé. Le tribunal en question a donné l'ordre à trois experts de remplir cette mission. Il s'est avéré, d'après le rapport, que l'activité du centre n'a pas porté atteinte à la nappe hydrique, ni aux plantes, ni aux animaux. Pas d'impacts négatifs, non plus, sur la santé des habitants. Des lacunes légères, se rapportant notamment à la fuite d'eau, ont été toutefois signalées et peuvent être traitées. Encore faut-il accéder au site...