Le gouvernorat de Nabeul a évité de justesse hier une catastrophe sur la route nationale reliant Korba à Tunis. En effet, vers 11h50, dans le bus de la ligne normale numéro 440 qui a quitté la ville de Korba à destination de Tunis la capitale, les passagers ont assisté à une scène de violence inédite qui aurait pu leur coûter la vie. Selon Karim Chérif, secrétaire général adjoint du syndicat de base de la Srtgn (Société régionale de transport du gouvernorat de Nabeul), «notre confrère Mohamed Ali Chellouf, chauffeur sur la ligne numéro 440 «Normale» a été victime d'une agression verbale et physique de la part d'un «Arif» (Caporal) de police. L'agression a eu lieu alors que le bus était aux alentours du stade olympique de Radès, quand l'officier de police s'est approché du chauffeur pour lui demander de le faire descendre. Le chauffeur a refusé de répondre à la sollicitation du voyageur car : tout d'abord, notre règlement intérieur interdit aux chauffeurs de faire descendre les voyageurs dans des zones où il n'y a pas de stations. Secundo, le bus en ce moment était en deuxième position et le fait d'arrêter le bus dans cet endroit et ouvrir les portes est une effraction au code de la route. Vexé par le refus catégorique du chauffeur, l'officier de police a mis sa main sur le volant du bus et a commencé à agresser physiquement notre chauffeur tout en l'insultant devant tout le monde. Heureusement que le chauffeur a pu arrêter le bus avec tant de courage car au moment de l'agression, le bus a vacillé sur le bord de la route. Et Dieu merci, sinon il y aurait eu un grave accident de la route. Le moteur du bus enfin arrêté, le caporal a continué son lynchage du conducteur défiant tous les présents. Pis encore, il a retiré son uniforme pour démontrer qu'il était capable d'achever son acte de violence même en tant que civil». Comme signe de contestation et de solidarité avec leur collègue, les agents présents à la gare routière Tunis-Sud de Bab-Alioua ont déclenché une grève de travail qui a duré 45 minutes. Toujours selon M. Chérif, le responsable de la gare Tunis-Sud de Bab-Alioua a contacté la direction centrale de la Srtgn et le gouverneur de Nabeul. Parallèlement, plusieurs usagers ont exprimé leur solidarité avec les agents de la Srtgn car toute violence est à condamner. Par contre, ils n'ont pas compris pourquoi ils ont été obligés d'attendre 45 minutes dans la chaleur étouffante de 13h00 comme l'atteste Mohamed : «On est tous solidaires avec ce chauffeur, mais pourquoi on doit payer les pots cassés des autres ? Je pense qu'une procédure judiciaire va être lancée contre ce caporal et le chauffeur aura tôt ou tard gain de cause. Et l'usager dans tout cela ?»