par Abdelhamid GMATI Le chômage, l'un des déclencheurs de la révolution, est vraiment préoccupant. Il atteint les 19% de la population active (14% en 2010). Le ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi explique cette augmentation par l'arrivée sur le marché de l'emploi de nouveaux diplômés de l'enseignement supérieur en juillet 2011 (80 mille), le retour des travailleurs tunisiens de Libye (30 à 35 mille), la perte de 10 mille emplois depuis janvier 2011, environ 80 mille emplois menacés et une estimation du taux de croissance pour l'année 2011 ne dépassant pas le 1%. «Un plan d'urgence pour l'emploi» a été adopté et s'articule autour de quatre grands axes, à savoir : - La création de nouveaux emplois salariés dans tous les secteurs. - Le développement de l'entrepreneuriat et de la création de micro-entreprises avec un accompagnement des promoteurs pour assurer la pérennité des emplois créés. - Le soutien des entreprises en difficulté et la préservation des emplois existants, ainsi que l'accompagnement actif des demandeurs d'emploi. - Le développement de leur employabilité. Plusieurs autres mesures ont été mises en œuvre durant ces derniers mois. De plus, ce mois sera le «Septembre de l'emploi et du développement régional», avec ce slogan «Action-Emploi, du Nord au Sud». Nul doute que la conjugaison des efforts de toute la communauté aboutira à des résultats positifs et à résorber une partie de ce chômage. Mais il est surtout important que cela soit accompagné par «une révolution des mentalités», notamment par l'adoption d'une culture du travail et de son respect. Les chefs d'entreprise ne cessent de rapporter les dégâts qu'ont subis leurs entreprises et ce qu'ils ont enduré notamment de la part de leurs employés. Exemple tout récent. Les salariés d'une entreprise tunisienne font grève. Leurs revendications font l'objet de négociations avec l'employeur. Lequel en accepte quelques-unes (titularisation de certains temporaires et conditions de travail) et se réjouit de pouvoir reprendre le travail et la production d'autant que les clients étrangers se montrent impatients. Mais non, il y a d'autres revendications: des augmentations salariales et une prolongation de la durée des congés annuels. Le patron est prêt à accorder des augmentations allant jusqu'à 10% et une semaine de congé supplémentaire. Mais non : les salariés exigent 20 à 30% d'augmentations salariales et 2 semaines de congé en sus. Le patron acquiesce. Mais le lendemain, les employés ont une surprise : l'entreprise est fermée. Ils s'adressent au syndicat qui leur répond ne pouvoir rien faire. Pour leurs demandes excessives, pour n'avoir pas tenu compte des possibilités de leur entreprise, pour n'avoir pas respecté leur travail, ils se retrouvent au chômage. Même la principale centrale syndicale a exprimé «sa préoccupation quant aux graves dérives enregistrées dans les domaines social, politique et surtout sécuritaire, appelant à recourir au dialogue pour trouver des solutions aux problèmes en suspens et mettant en garde contre les pratiques anarchiques qui menacent la sécurité des citoyens, attisent les conflits sociaux et portent préjudice au prestige de l'Etat». Alors? Avoir un emploi, avoir un travail, pour quoi faire? Pour faire de la surenchère néfaste et improductive? Travailler, c'est participer à un effort commun de création de richesses, à son propre bénéfice et à celui de l'entreprise, du chef d'entreprise et du pays. Travailler c'est avoir un salaire pour vivre décemment mais c'est aussi la satisfaction personnelle d'être utile, d'être un acteur du développement, d'effectuer un travail bien fait. C'est cette culture du travail qu'il faut acquérir.