Les exportations industrielles ont évolué de 9,8% au cours des huit premiers mois de l'année. Ce n'est tout de même pas peu eu égard aux différentes secousses qu'a connues ces derniers mois l'ensemble de la chaîne de l'exportation. Fer de lance de l'économie nationale, aujourd'hui plus que jamais auparavant, la dynamique du secteur de l'exportation ne manquera pas de traîner dans son sillage le secteur de l'investissement, autre levier important de la croissance. Cependant, que signifie un accroissement de 9,8% des exportations ? Dans quelle mesure peut-on y avoir une véritable relance du secteur ? En volume, les exportations se sont élevées à 13.753,4 MD. Pouvait-on faire mieux ? Sans doute, mais le taux de progression des exportations ne peut à lui seul suffire pour répondre à ces différentes interrogations. Il aura fallu, pour ce faire, disposer d'autres indicateurs et d'un découpage plus affiné de cette progression. Et combien même on serait renseigné sur le comportement à l'export des différents sous-secteurs et des différentes branches de l'industrie jusqu'aux plus petites niches d'activité, rien ne nous éclairerait quant à l'évolution future et aux tendances de fond du secteur national de l'exportation. Or, dans un environnement régional, continental et mondial en pleine mutation, la connaissance et l'analyse de ces tendances sont fondamentales pour qui voudrait rendre plus compétitif le secteur national de l'exportation. Procédant à la fois d'une démarche prévisionnelle et d'une démarche prospective, l'analyse des tendances de fond, et sa publication par les structures publiques spécialisés, est essentielle pour toute entreprise exportatrice non seulement soucieuse de sa compétitivité, mais aussi cherchant à gagner de nouveaux marchés. Sans doute le Cepex fait-il de son mieux à cet égard. Sans doute que faire état d'un accroissement de 9,8% des exportations visait-il en premier lieu à rassurer les uns et les autres, à commencer par les investisseurs frileux. Il n'en demeure pas moins que, quelle qu'en soit l'ampleur, cet accroissement ne nous dit rien en termes d'impact et de retombées réels sur l'économie nationale. Quelle plus-value a généré un tel accroissement des exportations, pour quel volume d'investissement et à quel coût ? Pour répondre à cette série de questionnements, il faudrait décortiquer tous les maillons de la chaîne de l'exportation. En clair, peut-on mettre dans le même panier une entreprise exportatrice qui opère depuis le Sud tunisien, dont la facture énergétique est élevée et qui achemine ses produits vers le port de Radès avec une autre qui a opté pour les énergies renouvelables, les flux tendus et qui utilise au mieux les canaux du commerce électronique ? Poser ainsi la question, c'est à l'évidence y répondre. C'est surtout une manière de souligner combien est trompeur et biaisé un indicateur économique quand il est pris dans sa forme brute. Inclure, dans toute analyse de la dynamique du secteur de l'exportation, des données sur l'ensemble des facteurs de production (capital, énergie, travail et technologie) permet de confirmer ou d'infirmer le bien-fondé et la portée d'un réel accroissement des exportations. C'est sans doute là le maillon de la chaîne manquant de l'analyse statistique telle qu'elle parvient du moins à l'utilisateur final : l'entreprise économique elle-même et le «simple» citoyen. Ce n'est, à cet égard, point trop demander aux structures concernées de se pencher un peu plus rigoureusement sur ce genre d'analyse. Cela permettrait de dégager les maillons faibles de la chaîne de l'exportation et de repenser toute notre politique en la matière. Le chantier est grand tant il implique autant les secteurs du transport et de l'équipement que celui de la Douane et des finances. Sachant que ce chantier, et cela va de soi, ne peut objectivement et efficacement être entrepris sans la participation active des premiers concernés : les investisseurs et les entreprises exportatrices elles-mêmes.