Depuis sa première mondiale à Cannes, en mai dernier, et sa sortie nationale sur les écrans de Tunis, le documentaire de Mourad Ben Cheïkh produit par Ciné Téléfilms, Plus jamais peur, enchaîne les festivals et les consécrations. De Vancouver au Canada, à Buenos Aires en Argentine, en passant pas Sheffield en Angleterre et Taormina en Italie, et, bien entendu, des projections-débats dans différentes villes de la Tunisie, ce film, qui retrace avec poésie et sensibilité des portraits de quelques protagonistes de notre révolution, ne cesse de susciter de l'intérêt de la part d'un public international curieux et fasciné par l'exploit du peuple tunisien. Il y a deux jours, une avant-première (en France) a eu lieu à l'Institut du Monde Arabe “IMA”, avec le concours de l'ambassade de Tunisie en France. Le film a été présenté par Khémaïes Chammari, notre ambassadeur à l'Unesco. Cette projection spéciale marque le lancement de la campagne de la sortie en salles de Plus jamais peur dans plusieurs villes en France prévue pour le 5 octobre. Mourad Ben Cheïckh est actuellement en France pour assurer la campagne de communication et assister aux différentes projections et autres débats autour du film. Rappelons que Plus jamais peur est un documentaire de 74 minutes qui a été tourné "dans l'urgence des moments" qui ont entouré l'effondrement du régime du président Ben Ali, le 14 janvier dernier. Mourad Ben Cheïkh explique avoir choisi ce titre car c'est "un slogan qui a surgi sur les murs de Tunis pendant la révolution". "Ce slogan colle à ce qui s'est passé car c'est le mur de la peur qui s'est effondré", ajoute-t-il, soulignant à quel point "le pouvoir de Ben Ali avait peur de toute manifestation, y compris pendant les matches de foot". Le tournage du film a démarré sur l'avenue Habib-Bourguiba à Tunis, épicentre de la révolte des Tunisiens. "J'avais des snipers dans l'immeuble, c'était une urgence pour moi, il fallait tourner, la police, les gens qui couraient après des tirs lacrymogènes". Trois personnages emblématiques traversent le film: l'avocate réputée Radhia Nasraoui, la blogueuse Lina Ben Mhenni et le journaliste Karem Chrif et un Tunisien ordinaire qui incarne, selon Mourad Ben Cheïkh, l'homme du quartier qui "comme d'autres ont défendu leurs quartiers contre les pilleurs et les snipers". Plus jamais peur est très demandé dans d'autres festivals internationaux, ce qui n'est pas toujours évident pour un film documentaire, d'autant plus tunisien. Ce genre qui a besoin de liberté se voit s'épanouir sous nos cieux. Et après la consécration de Cannes (en sélection officielle), le film voyagera pour l'Inde, Dubaï et d'autres écrans encore.