Mourad Ben Cheikh vit et exerce ses activités professionnelles entre la Tunisie et l'Italie. Il est l'auteur de "Un Taxi à Tunis" (2010), « Mare Nostrum » (2007), les cinq épisodes de la série “Histoire en Méditerranée” 2004/2005, “ Il Cinema dei paesi Arabi ” (1997). Il a également signé des travaux télévisuels (Fondeq el-ghalla 1998 en Tunisie, SFIDE 99/2000 en Italie). Dans la fiction, il est l'auteur des courts métrages “Le pâtre des étoiles” (2003 ; compétition officielle JCC 2004 et plusieurs autres sélections) et "Une Saison entre Enfer et Paradis" (2008 ; Sélection officielle au FESPACO 2009, en panorama aux JCC 2008, Mons 2009, festival du Court Métrage Méditerranéen de Tanger 2009 et plusieurs autres sélections). Rencontré au pavillon tunisien à Cannes, le jour même de la projection de son film, Mourad Ben Cheikh largement médiatisé et sollicité par la presse française et étrangère, a bien voulu répondre à nos questions. Le Temps : quel a été l'accueil réservé à votre documentaire « plus jamais peur », lors des premières projections ? Mourad Ben Cheikh : « Plus jamais peur » a été projeté deux fois dans le cadre du Marché du film ; une autre fois pour la presse internationale et une projection officielle grand public. Nous avons d'ores et déjà un distributeur international basé en Allemagne, « Film boutique », et une sortie en salles en France durant le mois d'octobre prochain. Le film bénéficie par ailleurs, de l'intérêt de la presse internationale à Cannes : (la célèbre revue américaine Variety, Le Monde, Libération…) ; des radios : France Inter, France Culture, RFI, Radio Monte Carlo et la Radio Nationale Allemande ; des TV : égyptiennes, russes, ukrainiennes et françaises (FR3,FR24 et C. Cinéma…). Le journal indien, Times of India , dont le tirage est de l'ordre de deux millions d'exemplaires, s'est également focalisé sur le film . Et, croyez-moi, ce n'est pas peu ! *Pensez-vous donc qu'il est suffisamment médiatisé pour être distribué dans les quatre coins du monde ? -A vrai dire, « Plus jamais peur » entre, du point de vue de la distribution, dans les canons du marché international et c'est très important. Cela fait longtemps qu'un film tunisien non co- produit par des parties occidentales, prenne de telles dimensions. Pour cette projection officielle dans la salle du Soixantième, c'est le grand test avec le grand public, dans le sens où le film n'a été vu jusque là, que dans des contextes purement professionnels, et encore plus à Cannes où on n'espère pas mieux . Le film est totalement différent de ce que j'ai pu faire jusqu'à aujourd'hui dans l'approche, méthode…Ce qui est important, c'est que le jour où j'ai pu récupérer une dignité de citoyen, j'ai pleinement acquis celle de cinéaste ; cela a changé toute mon approche dans mon métier. Car, on était obligé de par le passé, de faire des sauts mortels pour finir par ne dire que bien peu. *Pourrions nous considérer votre documentaire comme une sorte de thérapie ? -Je n'en étais pas conscient au moment où je le faisais mais ce film a agi sur moi comme une sorte de thérapie. J'ai partagé les douleurs qui étaient celles de tous les Tunisiens. Quand j'ai vu les images des morts, j'étais révolté et je ne voulais plus accepter l'inacceptable, c'est à dire, la mécanique de la dictature. Après le festival de Cannes, le film est programmé à partir du 23 mai dans nos salles, (Africart, Le mondial, Al Hambra à la Marsa et à El manar), en attendant de le projeter dans le reste du pays. Ce qui est sûr, c'est que sa sortie en Tunisie est à but non lucratif ; plutôt, au profit des œuvres caritatives et de bienfaisance dans notre pays. Pour ce qui est de sa participation à l'étranger, nous avons entrepris de nombreux contacts avec les différents festivals mais il s'agit de savoir dans quel ordre et de quelle manière vont s'organiser les projections et les sorties dans chaque pays. J'ai par ailleurs, un projet de long métrage pour lequel j'ai obtenu une aide à la production. Propos recueillis par : S.B.Z.