Dans le cadre de ses sessions successives de formation entamées depuis le mois de juillet, et à l'approche du démarrage de la campagne électorale, prévu le 1er octobre prochain, l'Association tunisienne pour la démocratie (ATD) a organisé, hier, une rencontre sur «la campagne électorale et la fraude électorale», à laquelle ont participé plusieurs observateurs venus de plusieurs gouvernorats. «Pourquoi la campagne électorale ?», s'interroge M. Houcine Bali, coordinateur général de l'ATD. Parce que, tout simplement, notre pays s'apprête à vivre un évènement historique, celui des élections de la Constituante. Cette campagne se veut un tournant décisif dans le processus électoral, qui, à six jours du démarrage de la campagne, n'a pas été profondément analysé. La rencontre a été consacrée par ailleurs à l'examen du système de fraude, vu l'importance qu'il revêt sur la scène politique et la sphère électorale dans notre pays. «L'impact de ce système sur la bonne marche des différentes étapes de l'opération électorale doit être pris en considération, contrôlé. Chaque dépassement est considéré comme une tentative de fraude. Ces tentatives se multiplient et se répètent à l'approche des élections. Le traitement de cette question, quelques jours avant le début de la campagne, est en adéquation avec les objectifs fixés par toutes les parties en rapport avec l'opération électorale, en l'occurrence les observateurs», précise M. Bali. Plusieurs questions ont été soulevées lors de cette rencontre, telles que la publicité politique déguisée au cours de l'opération électorale. «Est-ce que la publicité politique durant les élections est considérée comme fraude ? Les critères fixés par la Haute Instance indépendante des élections dans sa décision interdisant la publicité politique sont-ils suffisants pour éviter le danger qui pourrait affecter l'opération électorale ?», s'interroge M. Bali. Ces questions ont été amplement analysées par M. Chafik Sarsar, professeur universitaire et membre du comité des experts à la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique, qui a mis en exergue le rôle primordial des observateurs dans l'opération électorale. «L'observateur est chargé avant tout de collecter objectivement des informations sur le processus électoral en vue d'établir un rapport d'évaluation exhaustif, qui contient entres autres les tentatives de fraude. Il sera donc appelé à faire face à ces tentatives, qui consistent par exemple à faire allusion à l'orientation des résultats des élections au profit d'une région ou d'un candidat durant l'opération du scrutin. Ces tentatives peuvent prendre différentes formes, telles que la déformation de l'information, la diffusion de rumeurs contre les concurrents…», précise M. Sarsar. Le conférencier a dû rappeler que la Tunisie n'est pas suffisamment expérimentée en matière de lutte contre les fraudes, notamment lors des élections présidentielles, où les vrais résultats ne sont pas divulgués, où il y a des doublons de noms sur les listes des électeurs inscrits, des actes de falsification lors du dépouillement… Bref, «toutes les opérations électorales des années précédentes sont caractérisées par l'absence totale des déterminants de la transparence et de l'objectivité. Les résultats sont fixés quelques heures avant la proclamation officielle. La problématique du système de fraude et de la falsification électorale doit être traitée et mentionnée dans tous les rapports des observateurs. Autre danger menaçant l'opération électorale : la diffusion des sondages d'opinion qui constituent aujourd'hui une problématique, voire un régulateur de la volonté de l'électeur. Le sondage est une forme de pression qui touche de près la liberté de l'électeur et limite ses choix. Il a également un impact direct sur le processus électoral et l'opération de vote. Cette pression exercée sur les électeurs est une forme de fraude à laquelle les observateurs sont appelés à faire front». L'orateur a évoqué d'autres formes de fraudes, dont le non-respect des règles régissant la propagande électorale, qui se manifeste au cours de la campagne, de la pré-campagne ou après : la période du silence électoral. Il y a aussi l'exploitation excessive des médias dans la publicité et la propagande électorale. «C'est un défi que nous devons relever pour lutter contre ces abus. Les observateurs ont une tâche très lourde, qu'ils doivent assurer durant la période de la campagne électorale et le jour même des élections, pour réussir au mieux cette opération et vivre pleinement cet évènement historique», affirme M. Sarsar.