• Un léger mieux dans l'action sur le terrain Depuis le lancement de la campagne électorale pour le scrutin du 23 octobre qui consacre les premières élections libres et démocratiques dans l'histoire de la Tunisie moderne, les citoyens n'arrivent toujours pas à séparer le bon grain de l'ivraie, ne perdant cependant nullement la conscience que ces échéances électorales sont d'une importance capitale pour l'avenir du pays. Au Kef, le topo est plutôt négatif et le bilan de la campagne ne semble guère, en cette étape, reluisant, d'autant plus que plus de la moitié des 45 listes en course dans cette circonscription n'ont point fait signe de vie, provoquant de surcroît une bonne dose de doute au niveau de la population qui aurait bien aimé voir la campagne démarrer en fanfare. «Je n'arrive pas à comprendre ce vide que provoque le désenchantement de certaines listes qui n'ont toujours ni publié leurs manifestes, ni collé leurs affiches et encore moins pris contact avec la population», confie un professeur d'enseignement secondaire qui partira, au terme de cette année scolaire, à la retraite. Les Keffois n'arrivent pas à comprendre le pourquoi de la désaffection de beaucoup de citoyens au sujet de ces élections, préférant plutôt traiter de sujets d'ordre familial, professionnel ou encore général, plutôt que de parler politique. L'un des représentants d'un parti politique candidat à ces élections estime qu'il n'y a pas suffisamment de moyens pour agir autrement. «Une campagne électorale, a-t-il indiqué, nécessite un important apport matériel et logistique». Et d'ajouter que «plusieurs listes n'ont pas les moyens d'organiser même un mini-meeting». D'ailleurs, la présence dans les meetings est plutôt faible en termes de nombre de participants, alors que quelques listes se sont rabattues sur le porte-à-porte. D'autres vont à la rencontre de la population dans les cafés ou les magasins, parfois en solitaire car les femmes ne sont pas en mesure d'y mettre les pieds, ce qui a tendance à transformer la campagne électorale en une opération de marketing personnel. Dans la foulée, de nombreux électeurs protentiels se montrent totalement hostiles à toute forme de vénalité dont on parle dans les coulisses, sans toutefois tenir des preuves tangibles. D'autres se demandent quand prendra fin le règne de la pègre et de la corruption des esprits par l'argent, expliquant qu'au fond, certaines pratiques malveillantes n'ont pas changé. Et ce, alors que l'on ne cherche qu'à développer chez les citoyens une âme et des valeurs de fair-play qui bannissent à jamais les tentatives de soudoyer le peuple à des fins malhonnêtes. Cependant, l'action électorale n'a pas atteint la vitesse escomptée. «Aurait-on préféré ne faire que la ligne droite comme dans une course de fond», ironise un membre de la Chambre de commerce et de l'industrie du Nord-Ouest qui estime que le scrutin du 23 octobre aura lieu quoiqu'il advienne et quelles que soient la nature et la teneur des campagnes électorales partout dans le pays. Le léger mieux constaté dans l'action partisane et même dans celle des listes indépendantes traduit-il une volonté délibérée de miser sur la dernière heure et sur les paris de dernière minute qui font souvent des gagnants, mais parfois bien des perdants «car une campagne ne se gagne pas en une journée ou deux», fait remarquer un homme d'affaires qui soutient une liste indépendante. En tout cas, personne n'arrive à donner une explication, rationnelle ou non, à cette ambiance mi-figue mi-raisin. Le climat d'insécurité et l'incivisme de certains citoyens représentent aux yeux de plus d'un électeur un véritable handicap pour le bon déroulement de la campagne électorale.