Au moment où les regards sont braqués sur la ville de Syrte et la traque du colonel et ses proches se poursuit, la situation à l'extrême ouest du pays, et plus précisément sur la frontière tuniso-libyenne, du côté de Ras Jédir, n'a pas l'air de se stabiliser. «C'est vrai, ça va prendre beaucoup de temps», nous confie le Libyen Omrane en sirotant un thé à Ras Jédir. «Tant que les citoyens circulent dans leurs voitures, en possession d'armes à feu, on ne peut affirmer que la situation sécuritaire est rassurante», enchaîne son compagnon. C'est probablement la raison pour laquelle, le point de passage à la sortie de Ras Jédir a été fermé, provisoirement, mercredi jusqu'à 10h00, par les forces tunisiennes; une mesure de précaution pour les passagers tunisiens uniquement. L'après-midi de la même journée, ce sont plutôt les rebelles postés de l'autre côté de la frontière qui ont empêché les Tunisiens d'accéder au territoire libyen, sous pretexte que la sécurité n'est toujours pas assurée. Quant à l'entrée en Tunisie, le trafic ne s'arrête pas. Le nombre de passagers ne descend pas sous les 3.000 quotidiennement, nous dit-on, sur place. Quelques commerçants tunisiens eat des Libyens, surtout, qui viennent parfois pour passer la journée à Ben Guerdane faire des emplettes et rentrer dans la journée. «Moi, je suis venu juste pour me faire couper les cheveux et boire un thé avec des amis», nous dit Omrane, avant d'ajouter: «Mais je suis certain aussi que plusieurs Libyens continuent d'emprunter des pistes sahariennes pour franchir illégalement la frontière, de peur d'être empêchés de passer ou arrêtés à Ras Jédir. Dans ce contexte, on sait que les forces de l'armée tunisienne et les douaniers sont très vigilants; nous avons appris également que des contrebandiers de la région n'hésitent pas à collaborer avec les gendarmes pour dénoncer les trafiquants d'armes si jamais ils les aperçoivent». Sur la route qui mène à Ben Guerdane, l'activité n'est plus comme avant. Un seul camp qui abrite 3.700 Africains, après le déménagement de l'hôpital de campagne émirati, est sur place, à Choucha. Et les dernières pluies diluviennes qui se sont abattues en grandes quantités sur la région, ont compliqué la vie de ces réfugiés qui pataugent dans la boue pour se déplacer. D'ailleurs, l'armée tunisienne est vite intervenue pour transférer quelques tentes dans des endroits un peu plus élevés, en l'absence des organisations humanitaires mondiales qui sont allées, presque toutes, en Libye, depuis la libération de Tripoli.