La mission d'observation que vous dirigez est venue chez nous à l'invitation du gouvernement tunisien. Quels sont précisément les termes de la demande : qu'attend-on de vous? Cette invitation du Gouvernement tunisien à l'Union européenne s'est concrétisée par la signature de deux protocoles d'accord : l'un le 11 août dernier avec l'Isie, le second le 26 août avec le ministère des Affaires étrangères tunisien. Ces deux textes précisent notamment que la Mission d'observation électorale de l'UE en Tunisie et ses membres «maintiendront une stricte impartialité, objectivité et indépendance dans le cadre de leur mandat». Ces protocoles accordent également à la Mission «la liberté de circulation dans l'ensemble du pays» et «la liberté d'accès à tous les partis politiques, candidats et agents électoraux, ainsi qu'aux représentants de la société civile et aux électeurs». En contrepartie, nous nous sommes engagés à remettre à la Tunisie la Déclaration préliminaire qui sera rendue publique deux jours après le scrutin et qui constitue un premier rapport d'évaluation détaillé du processus électoral. Ainsi que le Rapport final, un second document plus complet qui sera assorti de recommandations destinées le cas échéant à améliorer le processus pour les échéances futures. Nous sommes là pour observer l'ensemble du processus électoral, c'est-à-dire la pré-campagne et la campagne électorale, le scrutin dans tout le pays, le décompte des voix, l'agrégation des résultats ainsi que le contentieux électoral et post-électoral, sans aucune volonté d'intervention ou de contrôle. La mission est présente à travers le pays depuis le 8 septembre: depuis un mois, pour ainsi dire... Quelles sont les remarques que vous pouvez faire à ce stade ? C'est vrai, les 10 experts qui constituent l'équipe cadre de la Mission sont arrivés voici un mois. Mais nos 54 observateurs – sur les 150 qui seront en place le 23 octobre - ne sont déployés dans les 27 circonscriptions du pays que depuis 2 semaines maintenant. Nous avons trouvé ici un climat général très engagé : les Tunisiens ont un rendez-vous historique avec leurs premières élections libres et démocratiques, c'est une grande première et ils en sont fiers. Ceci dit, nous savons qu'il est très complexe de faire de bonnes élections qui nécessitent de solides sauvegardes. Il faut également s'assurer que les plaintes présentées par les partis et les candidats soient traitées, et que la formation du personnel électoral - qui a déjà commencé par la formation des formateurs et qui doit se poursuivre jusqu'au personnel des bureaux de vote - avance dans les règles. Bref, tout un ensemble de critères indispensables pour la protection des droits et des élections démocratiques. En ce qui concerne le calendrier, il reste beaucoup de choses à faire. Il s'agit de l'étape «hyperactive» du processus où tout se met en marche sous réserve qu'on fasse appel à toutes les ressources pour que le scrutin se déroule dans les meilleures conditions. On note que votre travail comporte une partie communication qui n'est pas négligeable : vous confirmez ? Et, si oui, pouvez-vous expliquer le choix de cette option ? La quasi-totalité de notre énergie est affectée comme vous le savez en priorité à l'observation au quotidien du processus électoral. Notre mandat comporte également un volet «Information «très classique dans le cadre des missions d'observation électorale de l'Union européenne. Cette fonction passe par une collaboration entière de nos observateurs avec les médias tunisiens et internationaux qui souhaitent couvrir nos activités sur le terrain. En dehors du contenu strictement confidentiel de nos entretiens avec les différents acteurs du processus, nous tenons à ce que les Tunisiens qui nous accueillent soient pleinement au courant de nos activités en cette période clé de leur histoire. Propos recueillis