On passe à la CAN 2012 grâce à un coup du sort. Une occasion pour tirer les enseignements qui s'imposent. Tout le monde a pratiquement enterré l'équipe de Tunisie après le nul 0-0 face au Malawi. On ne pensait pas que les gars du Malawi allaient être aussi naïfs pour rater un billet à la CAN qui peut ne plus arriver un autre jour. Là, la majorité écrasante des médias et des consultants parlait de l'après-actuel bureau fédéral et des deux éditions de la CAN qu'on devrait louper. Rares sont ceux qui ne voulaient pas insulter l'avenir en se rappelant bien que le football est une discipline imprévisible. Ce que nous avons tous oublié (exprès ou pas), c'est que la réalité du terrain n'a rien à voir avec la crédibilité d'un bureau fédéral ou avec les élections à faire. On l'a toujours dit, l'entité sélection est autonome des agissements du bureau fédéral. Le succès ou l'échec ne doit pas être parrainé complètement par les membres fédéraux. L'énorme crise par laquelle passe l'actuel bureau fédéral a certainement fait du mal à la stabilité de la sélection, mais a-t-on oublié une seconde que notre sélection a commencé avec une défaite chez elle contre le Botswana en 2010? A-t-on oublié également que notre sélection a bêtement raté une victoire contre le Malawi à Radès alors qu'elle menait 2-0? Soyons objectifs : les résultats de la sélection ne sont pas fameux, et ce, depuis la dernière année de Roger Lemerre. On avait du mal à battre des équipes qui nous sont inférieures. Finie la flamme de 2004, nos joueurs ne font plus partie des meilleurs sur le continent. A l'image de la hiérarchie africaine qui va changer en cette CAN 2012 où il n'y aura pas l'Egypte, le Cameroun, l'Algérie, le Nigeria… C'est vous dire que la planète Afrique a beaucoup changé. Le Tchad d'Ezéchiel nous a fait un beau cadeau avec ce but assassin à la dernière seconde du match. Nous sommes qualifiés à la deuxième place, soit avec un certain «rachat» (le groupe comprend 5 sélections), mais ça ne change rien‑: l'équipe de Tunisie n'a plus cet ascendant de jeu sur ses concurrents, même les moins connus. Mais en même temps, la chance et le concours de circonstances sont deux variables très importantes en football. On passe en une minute d'une sélection battue et décevante qui reflète le malaise de la FTT et du football tunisien, à une autre plus chanceuse et à qui la CAN offre un cadeau inattendu. Au passage, quelques leçons techniques et humaines à tirer : Sami Trabelsi, le miraculé Ce jeune entraîneur a de la chance. Il a hérité de Marchand d'une équipe déboussolée. Il fonce tout de même. Pas d'expérience en tant qu'entraîneur mais la sauce a pris : deux victoires et un nul en déplacement avec une remarquable virginité défensive. Le coup de pouce du Tchad le propulse très en avant et le consolide dans son poste. Le CHAN gagné et voilà une qualification précieuse à la CAN, voilà ce qui va le consolider à son poste de sélectionneur. Nul doute que le message passe bien entre lui et les joueurs. Une défense à stabiliser C'est vrai que Mathlouthi a protégé ses bois face au Togo, mais les erreurs de couverture et les espaces concédés nous auraient pu coûter cher. A l'origine, un petit match de la part de Hicheri dans un petit jour et qui a été prenable dans les duels et les courses. Jusqu'à maintenant, on n'a pas réussi à trouver la paire idéale. Hicheri, Jemal, Abdennour, Souissi et pourquoi pas… Haggui restent les candidats à ce rôle. Mais nous en sommes encore là, cette défense tunisienne est loin de rassurer. Bon retour de Khelifa C'est un joueur qui n'a pas eu de chance dans sa carrière. Pourtant, il est bourré de talent cet attaquant de soutien, très utile dans les contres et dans les débordements, avec aussi ses jaillissements qui l'aident à marquer. Peut-être que c'est le joueur qui manquait à l'attaque tunisienne qui comptait trop sur Jemâa et Allagui. Est-ce l'ère Saber Khelifa qui commence? La CAN 2012 pour gagner Cette qualification miraculeuse est très bonne à prendre. Ça vous donne des ailes pour la suite. Maintenant que c'est fait, l'équipe de Tunisie ne peut plus vivre un plus grand stress, ne peut plus avoir affaire à un risque pareil. C'est le tout à gagner dans l'avenir. Nous serons favoris dans la prochaine CAN où deux des plus titrés vont rater l'avion. C'est le début d'un cycle intéressant à condition, bien sûr, de stabiliser l'effectif et de combler les lacunes défensives.