L'équipe de Tunisie aborde le prochain week-end la ligne droite des éliminatoires de la CAN 2012. Face aux «Flammes» du Malawi, une performance s'impose au risque de ruiner ses chances Alors que les «Aigles de Carthage» joueront pour deux résultats, un nul 2-2 ou plus, ou une victoire par n'importe quel score, le Malawi, lui, dispose de davantage de possibilités : un nul 0-0 ou 1-1, et, a fortiori, une victoire. Partie hier matin pour Blantyre qu'elle devait rejoindre vers le coup de 17h30, la délégation qui se compose de 23 joueurs et des différents staffs négocie le match de vérité : dans la foulée de ce long safari, elle aura à conclure le 10 octobre à Gafsa contre le Togo son parcours éliminatoire. Voici les clés de la rencontre de samedi (13h30) à Blantyre contre le rival de la Tunisie pour le second ticket des «qualifs», au titre du groupe «K», sachant que l'autre billet était revenu depuis belle lurette au Botswana. Le défi d'un pays émergent Le parcours du team national dans le groupe «K», le seul composé de cinq nations après le repêchage du Togo, a été déterminé dans une large mesure par le fameux nivellement des valeurs qui s'impose de mieux en mieux comme une donnée fondamentale au football continental. Après le tirage des poules, d'aucuns se frottaient les mains, considérant que la Tunisie a hérité d'un groupe taillé sur mesure. Mais à l'épreuve — dure et cruelle — des réalités de ces pays dits émergents, elle dut déchanter : le Botswana, dans la lignée de son surprenant succès à Tunis, témoignera d'une régularité de métronome, propre à une grosse cylindrée pour vite décrocher le gros lot, alors que le Malawi, que personne n'attendait au vrai dans le sillage du champion d'Afrique 2004, joue à fond ses chances, risquant même de réserver un vilain tour aux nôtres. Un tour semblable à celui qu'il joua à l'Algérie, sous la canicule, au tout début de la phase finale de la CAN 2010 en Angola. Les Fennecs se firent écraser ce jour-là (3-0). L'argument de la montée en régime des petits poucets de naguère remet au goût du jour la menace que laisse planer le Malawi, après-demain, lorsqu'il offrira l'hospitalité au team national. Même si, quelquefois, il faut relativiser et considérer qu'on doit s'attendre au meilleur et au pire de la part de ces pays qui ramassaient il y a peu de temps de belles «ardoises» du genre de celle essuyée par le même Malawi (6-0) contre la Tunisie coachée alors par le Français Roger Lemerre. Dans le rythme, sans baisse de régime Beaucoup craignent un certain manque de compétition dû au retard qu'accuse le championnat local, lequel ne débutera que le 4 novembre prochain. Mais au fond, on sait que les deux tiers du onze titulaire évoluent en Europe où les expatriés traînent presque un mois de compétition, alors que les titulaires potentiels issus du championnat de Tunisie ont eu un été plutôt chargé par l'entremise des coupes africaines, lesquelles battent leur plein en phase de poules. Il se trouve malheureusement que deux parmi les titulaires en puissance exerçant au pays, Khaled Korbi et Oussama Darragi, boostés par le rythme soutenu de la Ligue des champions, manqueront à l'appel en raison d'une suspension. Par conséquent, il n'y a pas vraiment de grosses inquiétudes à nourrir de ce côté-là d'autant que deux tests engagés par la sélection, le 10 août contre le Mali et le 22 août en Jordanie,ont permis d'affiner la préparation et de donner du temps de jeu aux meilleurs dans le test de Monastir et aux locaux dans celui de Amman. L'alibi d'un quelconque manque de compétition relève par conséquent de subterfuges qui ne tiennent pas debout. La configuration du test malien Sami Trabelsi a les idées claires depuis le soir du test du Mali soldé par une belle victoire (4-2). Le onze rentrant samedi sera — à un élément près — le même aligné ce soir-là avec une configuration offensive intégrant la défection de Darragi remplacé par Adel Chedly, dans un autre registre néanmoins plus direct et moins en «épaisseur» technique. Avec un Allagui qui pète le feu, un Dhaouadi dans son meilleur jour, déroutant et intenable, et un Jemaâ qui se trouve régulièrement à point nommé pour concrétiser les occasions. Avec, cette fois, un Chermiti qui se tient en réserve et qui peut apporter à n'importe quel moment de la rencontre sa pierre à l'édifice. Par ailleurs, on sait que le coach national a choisi de relancer Houcine Ragued au poste de Khaled Korbi dans une paire de récupération que vient compléter Mejdi Traoui, lequel a failli rater l'avion, au départ hier pour Blantyre, en raison d'un passeport oublié, n'eut été la liberté de choisir son moment de départ assurée par l'avion spécial. Un match-couperet, une date charnière Comme Maputo l'hiver 2009, Blantyre va marquer profondément la vie du foot national. La survie du bureau fédéral et du staff technique de l'EN dépendra dans une large mesure du résultat que ramèneront les copains d'Aymen Mathlouthi de la capitale malawite. S'il est évident que l'équipe de Anouar Haddad ne pourra pas se maintenir en place en cas d'une élimination de la CAN qui sera encore plus lourdement ressentie que celle d'il y a presque deux ans du Mondial sud-africain, une qualification ne lui assurera pas pour autant une permanence, mise à mal par une gestion contestable, notamment après la révolution du 14-Janvier. Le Malawi et la date du 3 septembre vont pour ainsi dire agir tel un couperet. Aux Aigles de Carthage de puiser au fond de leurs ressources et de témoigner des vertus de guerriers pour épargner au sport roi du pays un camouflet, «une humiliation», n'hésite pas à dire le sélectionneur Sami Trabelsi et qui représenterait une sortie de route des mains du modeste Malawi. Pour ce faire, l'esprit, conquérant, du Chan 2011 remporté par la Tunisie, reste une arme fondamentale.