Du 13 au 18 de ce mois, a eu lieu, à Monastir, la 17e édition du festival de théâtre Khélifa-Stambouli, organisé au complexe culturel de la ville par la délégation régionale du ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine. C'est " Safar " ou " Voyage " de Artis Production qui a ouvert la manifestation, suivie de " Qui tue qui ? " de la ligue du syndicat des artistes de Libye, " Arrête ! Frontières ! " de l'Association des arts Fétiha Soltane d'Algérie, "Cent et une étoiles " de la Société Ons des Arts Dramatiques de Tunis et " Valises ", une des plus récentes créations du Théâtre National tunisien. Cette session donnait l'impression d'être exceptionnelle. Les organisateurs avaient senti le besoin de " spécialiser " le festival et de lancer une première édition maghrébine. Mais que cherchaient-ils à travers ce changement? Retrouver l'âge d'or du festival du théâtre maghrébin de Monastir des années 80 qui réunissait sur la scène de plein air les expériences pionnières des pays du Maghreb ? Elargir la palette du programme pour se démarquer des autres manifestations qui ont lieu dans la capitale? En tout cas, c'est sûr, une évolution s'imposait quelle que soit l'identité du festival. Car tout autour a changé. La ville de Monastir est désormais une ville universitaire qui réunit pendant l'année scolaire un nombre important d'étudiants scientifiques. Ces derniers, nous apprend-on, affluent vers le centre culturel quand il s'agit de cinéma et de nouveaux films qui font sensation dans le monde. Le théâtre les intéresse peu. Mais comment expliquer la présence d'un public varié et nombreux le jour de l'ouverture de la 17e édition du festival Khélifa-Stambouli ? Pourtant il n'y avait sur scène aucun visage super-connu. C'est pour vous dire, nous disent les artistes, combien le public est imprévisible. On ne sait jamais quand, ni pour qui il vient nombreux, ni pourquoi il boude ! Mais ce qui est sûr, c'est qu'il ne faut pas jeter l'éponge. Le culturel ne finit pas d'intéresser les gens et les Monastiriens casaniers ou autres publics peuvent répondre à l'appel quand on sait leur offrir quelque chose qui les décollerait de leur fauteuil devant la télé. L'édition maghrébine (pas assez variée puisqu'il n'y avait que deux spectacles venus d'ailleurs) n'était alors qu'un ballon d'essai. La rencontre qui a eu lieu le 17 avril, en présence de quelques artistes, de jeunes et vieux mordus de théâtre, a confirmé l'idée que ce festival doit élargir sa vision du monde, élaborer un nouveau programme et une nouvelle stratégie de communication. Pourquoi ne pas aller chercher plus loin ce qui se fait de nouveau en matière de théâtre? En Algérie, en Libye, au Maroc ou en Mauritanie, il existe sûrement des talents inconnus qui gagneraient à avoir plus de visibilité. Et pourquoi est-ce que le festival se limiterait à un seul lieu conventionnel comme le complexe culturel, alors que les décors naturels de la ville de Monastir ne demandent qu'à être investis d'artistes de tous bords et de tous genres ? Reculer la date du festival Khélifa-Stambouli pour la fin du printemps et le début de l'été, multiplier les ateliers de formation, établir des conventions avec les écoles d'art pour une population plus ciblée, dépasser les frontières maghrébines et faire venir des créateurs méditerranéens, etc. Ce sont les questions et les propositions qui ont été posées et débattues lors de cette rencontre animée par le Dr Mahmoud Mejeri, directeur de l'Institut Supérieur d'Arts Dramatiques. Après avoir recadré le débat censé tourner autour du théâtre maghrébin, de ses repères et de ses défis, l'universitaire a résumé la rencontre en une seule phrase : "Ce que nous sommes en train de faire est une étude de faisabilité ". Trêve de nostalgie et de propos alarmistes. Croire en un théâtre maghrébin ne suffit pas, a-il ajouté. Comment concrétiser les rapports ? Quelle stratégie mettre en place pour nous connaître davantage ? Là est la question. " Qu'est-ce qui nous empêcherait de voir plus grand?", a répliqué Fetiha Soltane. " Créons un comité d'organisation maghrébin ", a ajouté l'artiste libyen Fraj Boufekhra. C'est ainsi que la rencontre est devenue une vraie réunion d'étude. D'autres réunions suivront, car à la fin, une liste a été établie pour désigner un comité de réflexion qui s'engage à " relooker ", sur le plan de la forme et du contenu, le festival Khélifa-Stambouli.