• Les forces de sécurité intérieure boudent-elles la commission de M. Bouderbala ? La Presse — A l'initiative du Syndicat des fonctionnaires de la direction générale des unités d'intervention, la caserne du commandant martyr Abderrahmane Agrebi à Bouchoucha a offert, hier, l'hospitalité à MM. Taoufik Bouderbala, président de la Commission nationale d'investigation sur les dépassements sécuritaires, et Yadh Ben Achour, président de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, ainsi qu'à plusieurs journalistes.Au menu de la rencontre, un débat ouvert sur «la balistique et les techniques scientifiques d'établissement des preuves», thème d'une conférence animée par l'officier Jmouii Adlani, et sur les conditions dans lesquelles ont évolué les forces de sécurité intérieure lors des événements qui ont présidé à la révolution du 14 janvier 2011, aussi bien dans les villes de l'intérieur de la République qu'à la capitale. A l'initiative du Syndicat des fonctionnaires de la direction générale des unités d'intervention, la caserne du commandant martyr Abderrahmane Agrebi à Bouchoucha a offert, hier, l'hospitalité à MM. Taoufik Bouderbala, président de la Commission nationale d'investigation sur les dépassements sécuritaires, et Yadh Ben Achour, président de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, ainsi qu'à plusieurs journalistes. Au menu de la rencontre, un débat ouvert sur «la balistique et les techniques scientifiques d'établissement des preuves», thème d'une conférence animée par l'officier Jmouii Adlani, et sur les conditions dans lesquelles ont évolué les forces de sécurité intérieure lors des événements qui ont présidé à la révolution du 14 janvier 2011, aussi bien dans les villes de l'intérieur de la République qu'à la capitale. Comment la science de la balistique peut-elle contribuer à éclaircir les points noirs qui accompagnent généralement les opérations de tirs, lesquels causent la mort des victimes, qu'elles soient parmi les manifestants ou parmi les forces de sécurité elles-mêmes? Le conférencier a souligné que la balistique «est une science qui s'intéresse au comportement des projectiles (balles) à l'intérieur et hors du canon ainsi qu'à l'impact qu'ils produisent sur l'objectif». Après avoir passé en revue les différents types de balles utilisées par les forces de l'ordre (balles à tête ronde, à tête conique, à tête pointue ou semi-pointue), il a précisé qu'il «est possible aujourd'hui de prouver scientifiquement que telle balle a été tirée par telle arme utilisée (selon les registres tenus à cet effet) par tel policier ou tel officier». «Grâce aux restes des balles tirées, aux traces que comporte le corps de la victime, à l'autopsie effectuée sur les corps des victimes, à la compétence des experts et aux études comparatives, il est possible de découvrir les armes qui ont été utilisées. Il demeure, toutefois, impossible d'établir que la balle en question a été tirée effectivement sur la victime ciblée ou si elle a ricoché pour atteindre la victime alors qu'elle a été tirée vers une autre victime», assure encore l'officier Adlani. Qu'en est-il des fameux snipers qui continuent à susciter la curiosité des citoyens ainsi que leurs sentiments d'inquiétude dans la mesure où leur existence demeure un mystère que personne n'a réussi à percer ? Pour le conférencier, il s'agit d'une discipline connue sous l'appellation «tirs d'élite». «La mission d'un tireur d'élite est d'atteindre un point visé, ou une partie du corps sans donner la mort nécessairement». «Malheureusement, conclut-il, il reste que l'usage de la force par les forces de l'ordre, même justifié ou en cas de légitime défense, ternit toujours l'image de la police. Les citoyens ne mémorisent que les images des policiers usant de la force sans prendre en compte les conditions difficiles dans lesquelles ils exercent leurs fonctions». Un policier n'est pas obligé d'exécuter un ordre injuste «Notre commission est ouverte à tous les apports et à toutes les informations, plus particulièrement celles provenant des forces de sécurité intérieure qui ont opéré sur le terrain tout au long de la période allant du 17 décembre 2010 jusqu'au 14 janvier 2011. Notre objectif est de découvrir comment une révolte de jeunes s'est transformée en une révolution qui a fini par destituer un régime dictatorial des plus durs au monde. Malheureusement, notre commission n'a reçu la visite d'aucun membre des forces de sécurité intérieure, y compris ceux qui ont été blessés pendant la révolution ou les membres des familles des martyrs appartenant aux différentes unités des forces de sécurité intérieure», a notamment précisé M. Taoufik Bouderbala, président de la Commission nationale d'investigation sur les abus à caractère sécuritaire. Il n'a pas manqué d'exprimer sa conviction et celle de l'ensemble des Tunisiens «qu'il ne peut y avoir de démocratie sans une institution sécuritaire forte et qu'il n'est plus acceptable de laisser les policiers livrés à eux-mêmes, comme ce fut le cas lors des premières semaines de la révolution. Cependant, nous demeurons persuadés que les forces de sécurité ne sont pas obligées, contrairement à ce qui est faussement répandu, d'exécuter un ordre qui n'est pas juste». M. Bouderbala a souligné également que le rapport préliminaire de la commission qui sera élaboré samedi prochain n'a pas l'intention «de déterminer qui sont les auteurs des crimes mais d'analyser les événements qui ont abouti à la fuite du président déchu». «Notre ambition est de définir la responsabilité institutionnelle et non celle des personnes, tout en demeurant attachés à la nécessité d'une commission nationale de vérité et de pardon, comme ce fut le cas dans d'autres pays qui ont réussi leur transition démocratique». L'armée empêchée d'entrer à Thala L'affirmation renouvelée du président de la Commission d'investigation selon laquelle «personne ne sera injustement traitée parmi les forces de sécurité qui ne représentent pas les boucs émissaires que nous cherchons à compromettre à tout prix», a eu pour effet de permettre à plusieurs responsables présents de révéler certaines informations sur la tournure des événements début janvier pour aboutir à la journée historique du vendredi 11 janvier dernier. Ainsi, l'on a appris qu'il n'y avait pas de coordination entre l'armée et la Garde nationale, que l'armée a été empêchée d'entrer dans la ville de Thala le 7 janvier 2011 sur ordre personnel de l'ancien ministre de l'Intérieur Rafik Belhaj Kacem qui voulait montrer au président déchu «qu'il dominait la situation». Idem pour le comportement personnel d'un officier de la police qui tirait sur les manifestants à Kasserine «sur initiative personnelle», soulignent les responsables des unités d'intervention. Dans le même contexte, ils précisent que plusieurs parmi les forces d'intervention «participaient pour la première fois à une opération pareille, manquaient d'entraînement, d'expérience et de matériel, outre le fait qu'ils étaient stressés et vivaient sous tension depuis la mi-décembre 2010».