Sous une pluie abondante, près d'une trentaine d'ex-agents de police et stagiaires licenciés à l'ère du régime déchu pour des raisons qu'ils qualifient d'injustes ont organisé hier après-midi un sit-in devant le ministère de l'Intérieur, revendiquant leur réintégration dans le corps des forces de sécurité nationale. «Nous sommes des agents de sécurité licenciés et nous nous attendons tout comme certains de nos confrères à notre réintégration». Telle est la revendication figurant sur une banderole. Se confiant à La Presse, ces agents de sécurité dont 170 ont été limogés au cours de leur stage, selon M.Monji A.J, et 8 ont été renvoyés quelques années après leur recrutement, on leur avait promis une réintégration, exceptés ceux qui ont atteint l'âge de la retraite (55 ans). Or il se trouve que, depuis, bon nombre de ceux qui sont concernés par cette décision n'en ont pas bénéficié. «J'ai intégré les forces de sécurité nationale en tant qu'agent en 1990 pour y exercer 3 ans avant de présenter ma démission pour des raisons personnelles. Puis, en 2008 je suis parti en Libye où j'ai vécu trois ans avant de revenir en Tunisie quelques mois après la révolution du 14 janvier avec l'espoir de reprendre mon travail suite aux mutations qu'a connues le pays. Tout allait bien au départ et on m'a promis d'intégrer un stage de réhabilitation vers le 26 juin dernier. Toutefois, quelque temps plus tard, je me suis aperçu que le discours a changé : on n'hésitait pas à me faire des allusions au signe de religiosité (trace de prière) que je porte sur mon front, me posant répétitivement la question si je faisais partie des islamistes. Ensuite, au fur et à mesure de mes visites à l'administration et après avoir rempli et signé le formulaire de ma réintégration, la tension est montée d'un cran, puis on m'a demandé de ne plus revenir vu que ma candidature a été rejetée», observe M.Houssem B.L. De son côté, M.Monji A.J, licencié juste après la fin de son stage à l'école des agents secrets de Sousse, souligne qu'après avoir entonné l'hymne national, il a été transféré au ministère de l'Intérieur pour un interrogatoire qui a duré cinq jours «Je me rappelle que le 28 octobre 2008, la personne qui m'a interrogé m'a posé la question si je savais pourquoi on m'a conduit au ministère. Je lui ai répondu que non. A ce moment, il m'a rétorqué qu'une enquête était déjà en cours et qu'à la lumière de ses résultats, il sera décidé de mon recrutement. C'était là que j'ai réalisé en mon for intérieur que je serai limogé puisque mon frère est accusé d'appartenance au courant islamiste. Aujourd'hui que la révolution populaire du 14 janvier nous a redonné espoir, on ne demande qu'à récupérer, tout comme nos 40 confrères récemment réintégrés, un gagne-pain qui nous a été ôté injustement», renchérit Monji A.J.