Les fidèles du salon littéraire Nasdécaméron (créé et animé par Kamel Riahi) ont suivi vendredi dernier, à la maison de la culture Ibn-Rachiq, une projection du film allemand intitulé «Das Parfum : Die Geschichte eines Mörders» (Le parfum : histoire d'un meurtrier). Ce film de Tom Tykwer, sorti en 2006, est une adaptation du roman homonyme, paru en 1985, de l'écrivain allemand Patrick Süskind. La fiction, où les actions se déroulent en France au XVIIIe siècle, nous relate l'histoire du protagoniste Jean Baptiste Grenouille qui, étant orphelin, a été élevé chez un maître parfumeur qui lui a appris les techniques de la fabrication des parfums. Cet enfant ne possédant aucune odeur personnelle et privé de sentiments et d'émotions depuis sa naissance, était par contre doté d'un odorat très développé qui lui permettait de reconnaître les odeurs les plus imperceptibles. Aussi s'est-il attelé, plus tard, à créer des parfums à partir d'odeurs humaines. Pour arriver à ses fins et disposer des «matériaux» nécessaires à son produit, il ne recula pas devant le meurtre, tuant 25 jeunes et belles femmes pour obtenir une bouteille d'odeur naturelle qui lui permettrait de devenir le meilleur parfumeur du monde. Condamné à mort, Jean Baptiste se parfume, au moment de son exécution, avec quelques gouttes de sa création et aussitôt, le public présent perd la raison, sous l'effet magique du parfum dégagé, et considère Grenouille comme un ange, un être pur et innocent, qui arrive à ses fins, en devenant le meilleur parfumeur, grâce sa création, et réussissant par là même, à prêcher l'amour de l'Humanité. Pour donner un sens à sa vie et s'approprier une odeur, comme tout le monde, donc une identité, il se rend au marché de Paris (son lieu de naissance) et s'asperge de son parfum. Attirés par cette odeur, les marchands, les passants, hommes, femmes et enfants confondus, le prennent pour un ange, se jettent sur lui et le mangent. Grenouille finit ainsi par disparaître de la surface de la terre. L'odeur dans la littérature mondiale Après la projection, le débat a été ouvert par Kamel Riahi qui a énuméré quelques ouvrages qui ont abordé le thème de l'odorat et des senteurs, peu traité dans la littérature arabe et même mondiale. Il a ainsi cité le roman du Saoudien Youssef Mehnit, intitulé «Fikhakh arra'iha» (pièges des odeurs), avant de céder la parole à un autre intervenant qui nous a raconté l'histoire du «Valet de Sade», un roman français qui traite d'un personnage nommé «la Tour», sadique et ne ressentant pas la douleur, qui cherche les centres de douleur chez ses victimes pour les torturer et leur faire davantage mal. Il reste à signaler que le thème initialement prévu pour la séance de vendredi dernier aurait dû porter sur la littérature et la mort dans les écrits de Jean Amadou. Une partie du public, qui n'a pas été prévenu à l'avance de ce changement, a commencé à quitter la salle avant la fin de la projection du film.