A l'Agence internationale de notation «Fitch», la perspective négative de la note BBB de la Tunisie ne sera révisée à la hausse que si les élections se passent dans de bonnes conditions. L'agence souligne de surcroît qu'elle n'entamera la révision de la note tunisienne que lorsque la nouvelle Assemblée constituante se sera accordée sur la durée de son mandat, aura nommé un gouvernement et un président intérimaires et aura fait état d'avancées dans la rédaction d'une Constitution. Au regard de la série de préalables ainsi fixés, on aurait facilement cru qu'ils émanaient non point d'une quelconque agence internationale, mais d'une puissance mondiale qui entend de la sorte conditionner son aide et son soutien. Sans doute, la globalisation financière ainsi que la succession au cours de ces dernières années des crises financières ont-elles conféré aux agences de notation une autorité jamais égalée auparavant. Mais ce sont ces mêmes crises systémiques et l'inédite sophistication des produits financiers qui ont relevé l'extraordinaire duplicité de certaines agences internationales de notation. De fait, les critiques à l'encontre de ces agences sont récurrentes. D'une crise à l'autre, leurs travers se révèlent. La tempête financière de 2007 ne fait pas exception. Aucun des trois grands acteurs du secteur (Moody's, Standard & Poor's, Fitch) n'avait su détecter la nocivité des «subprimes», ces crédits hypothécaires américains toxiques qui ont contaminé le système financier. Et puis, l'on a trop souvent tendance à oublier qu'une note est une opinion sur une capacité d'un emprunteur à rembourser sa dette et rien d'autre. Sans doute est-elle prise en compte dans la décision d'investir, mais il est d'autres critères encore plus déterminants et plus décisifs dans le mouvement des flux d'investissements directs étrangers. A trop vouloir focaliser, du moins en ce qui nous concerne en tant que site d'investissement, sur l'opinion émise par une agence de notation fût-elle la plus crédible, risque de nous détourner de l'essentiel. L'essentiel, en l'occurrence, est de veiller à mettre en avant et en relief les nouveaux atouts de la Tunisie et ses avantages compétitifs. Il y a, d'abord et à l'évidence, le formidable capital de sympathie qu'a suscité à l'échelle mondiale la révolution tunisienne. Il y a ensuite le remarquable comportement de l'économie nationale en dépit d'une conjoncture nationale et régionale pour le moins difficile, preuve que les fondamentaux macroéconomiques du pays sont sains et solides. Il y a enfin cette grande maturité dont a tout récemment fait montre le peuple tunisien dans son cheminement vers la démocratie. Dans tout ce processus et dans cette remarquable progression, le maître mot aura été «confiance en l'avenir». Pour le site tunisien d'investissement, ce capital confiance est aujourd'hui un puissant vecteur d'attractivité pour peu qu'on sache l'entretenir et le soutenir dans la durée. Il est à cet égard des signes qui ne trompent pas. Au lendemain de la proclamation des résultats de l'élection du 23 octobre dernier, les premiers responsables du courant politique ayant obtenu la majorité des sièges à l'Assemblée constituante ont tenu à rassurer clairement les partenaires économiques et commerciaux de la Tunisie. Un signal fort aura ainsi été tout particulièrement adressé à la sphère de l'investissement étranger. La visite que ces mêmes responsables avaient dans la foulée rendu à la Bourse des valeurs mobilières de Tunis est tout aussi et incontestablement un signal fort adressé à la communauté des affaires aussi bien tunisienne qu'étrangère. La Bourse, étant ce miroir de la transparence, devient, quand celle-ci est effective, le véritable thermomètre d'une économie dynamique et performante. Et ce n'est justement pas sans raison que le président de la Bourse de Tunis y voit un autre puissant vecteur d'attractivité des investissements directs étrangers. Il ne s'agit point, on l'aura sans doute compris, de minimiser ou d'occulter ici l'impact des appréciations des agences de notation en termes d'attractivité du site tunisien, mais seulement de soutenir que la nouvelle configuration de l'économie nationale, telle qu'elle semble aujourd'hui se profiler à l'horizon, ne pourra que promptement amener les agences internationales de rating à réviser à la hausse leurs notations.