• Moyennant une politique volontariste d'efficacité énergétique, le total des économies d'énergie finale cumulées serait de l'ordre de 65 Mtep sur la période 2005-2030 • La Tunisie dispose d'un potentiel important de valorisation des énergies renouvelables modernes, estimé par l'étude stratégique à 1,3 Mtep cumulé à l'horizon 2010, à 7 Mtep à l'horizon 2020 et à 19 Mtep à l'horizon 2030. • La mobilisation de ce potentiel permettra d'améliorer sensiblement l'apport des énergies renouvelables dans la consommation d'énergie primaire (hors biomasse) : 2,7% à l'horizon 2010, 5,6% à l'horizon 2020 et 6,5% à l'horizon 2030. L'analyse et le diagnostic de la situation énergétique nationale, reposant notamment sur la comparaison entre l'offre et la demande, ne cessent de poser l'éventualité d'une dépendance énergétique extérieure hautement croissante. Une telle menace a imposé le lancement de plans d'actions bien précis. En plus des aspects réglementaires et institutionnels, les fondamentaux de ces plans d'actions ont reposé essentiellement sur la valorisation des études stratégiques, qui ont le mérite de mettre en perspective les enjeux de cette politique, dans un avenir suffisamment lointain. Ainsi, elles sont venues sont venus traduire une nouvelle démarche stratégique caractérisant le processus de maîtrise de l'énergie en Tunisie. Moyennant l'évaluation des gisements énergétiques, ces études servant comme outils d'aide à la décision ont pu révéler et mettre en évidence : d'une part, les risques auxquels le pays est exposé (en termes énergétiques, économiques et environnementaux) sur la base d'un scénario “laisser-faire” et, d'autre part, les possibilités d'agir et de réduire considérablement ces risques moyennant la mise en place d'un programme volontariste de maîtrise de l'énergie, s'attachant à acquérir les technologies les plus performantes et à susciter les pratiques énergétiques les plus efficaces. C'est d'ailleurs dans ce même cadre qu'intervient l'étude sur la maîtrise de l'énergie en Tunisie à l'horizon 2030, lancée par l'Agence nationale pour la maîtrise de l'énergie. Une vision prospective L'objectif de cette étude prospective est d'évaluer les potentiels d'économie d'énergie à un horizon fixé à l'année 2030 et, ensuite, d'en déduire les conséquences énergétiques, économiques et environnementales suite à une appropriation d'une politique volontariste de maîtrise de l'énergie. C'est pour cette raison d'ailleurs qu'un intérêt particulier a été accordé à la garantie d'une utilisation rationnelle de l'énergie , en tant que vecteur d'efficacité énergétique jouant un rôle important dans le développement économique et social du pays. L'évaluation du potentiel d'économie d'énergie révèle l'accès à des gisements énergétiques importants. En effet, la Tunisie dispose d'un potentiel cumulé d'économie d'énergie, estimé à environ 100 Mtep durant les vingt-cinq prochaines années. L'utilisation rationnelle de l'énergie représente 80% de ce potentiel contre 20% pour les énergies renouvelables. L'étude précise dans ce contexte que tout en s'articulant sur «les technologies les plus performantes et à susciter les pratiques énergétiques les plus efficaces, pour chaque secteur et pour chaque usage, l'utilisation rationnelle de l'énergie représente aujourd'hui une composante importante de la politique énergétique». Moyennant une politique volontariste d'efficacité énergétique, le total des économies d'énergie finale cumulées serait de l'ordre de 65 Mtep sur la période 2005-2030. Les économies sectorielles cumulées découlant de ce potentiel global d'énergie finale présentent des retombées assez égales pouvant être classées en deux groupes : le secteur des transports et de l'industrie se détachent légèrement du lot avec respectivement 30% et 25% des économies cumulées réalisables. Viennent ensuite le résidentiel et le tertiaire avec respectivement 23% et 22% des économies cumulées réalisables. Cela signifie qu'il n'y a pas réellement un secteur à favoriser aux dépens d'un autre. Par ailleurs, la répartition sectorielle des économies d'énergie finale reste assez équilibrée jusqu'à l'horizon 2020. Ce n'est qu'au-delà de cet horizon que le secteur des transports commence à prendre le dessus. Le transport contribue relativement peu aux économies cumulées sur le court terme (2005-2010), soit 11% du potentiel total, alors que ce secteur représente plus de 30% du bilan en énergie finale à l'horizon 2030. A long terme, ce secteur est donc le plus prometteur, puisque les changements structurels et les améliorations technologiques auront eu le temps d'apporter leurs fruits pour de telles périodes. Afin de mieux cibler les actions d'efficacité énergétique à entreprendre à court et moyen terme, la répartition sectorielle des économies d'énergie primaire, réalisables sur la période 2005-2011, révèle la nécessité d'un engagement immédiat pour le secteur industriel enregistrant 44,5% du potentiel global, contre 29,5% pour le transport et 26% pour le résidentiel et le tertiaire. Au niveau industriel, cet engagement repose sur tout un programme d'efficacité énergétique, Peei. Selon l'étude stratégique sur la politique énergétique à l'horizon 2030, lancée par l'Agence nationale pour la maîtrise de l'énergie, ce programme est un avantage financier apporté (par le soutien du Fonds de l'environnement mondial) aux investissements d'utilisation rationnelle de l'énergie dans l'industrie en supplément des aides classiques de la «mise à niveau» du ministère del'Industrie, de l'Energie et des Petites et Moyennes Entreprises ou de la procédure «contrat programme» de l'Anme. En outre, le Peei a pour objet de soutenir l'intervention des Etablissements de Services énergétiques dans cette démarche, à la fois par l'aide à l'investissement et par la création d'un fonds de garantie exclusivement réservé aux ESE qui investissent. Ce projet est très important et doit être impérativement réussi, d'abord par son intérêt propre (aide à l'investissement) mais surtout parce qu'il constitue la première étape d'un changement d'échelle pour le nombre de projets réalisés dans l'industrie, notamment grâce à l'intervention des ESE. Le soutien du FEM au Peei ne sera pas éternel. Il est essentiel que, dès le démarrage du Peei, un groupe de travail soit installé pour travailler sur la façon dont ce type d'aide pourra être pérennisé. D'autre part, si le plan d'action se développe comme prévu, l'aide directe à l'investissement par le budget de l'Etat risque d'atteindre rapidement ses limites. Celle-ci se manifeste déjà par le plafond de l'assiette de l'aide à l'investissement des projets de maîtrise de l'énergie. L'objectif principal est d'assurer la continuité de cette initiative en créant un cadre attractif pour le développement de la profession des ESE en Tunisie, via l'association d'opérateurs spécialisés tunisiens et étrangers. Priorité aux énergies renouvelables Au niveau des énergies renouvelables, l'étude stratégique relève que «malgré les efforts déployés depuis plus de deux décennies, la contribution des énergies renouvelables dans le bilan énergétique reste encore peu significative. Hors biomasse traditionnelle, les énergies renouvelables représentent aujourd'hui moins de 1% de la consommation d'énergie primaire en Tunisie». Certaines filières renouvelables ont, pourtant, atteint aujourd'hui un niveau de maturité technologique et économique qui leur permet de constituer une alternative satisfaisante aux technologies conventionnelles. La stratégie de développement des énergies renouvelables en Tunisie s'appuie sur un premier travail consacré à l'analyse du bilan des réalisations couvrant l'ensemble des filières renouvelables étudiées et développées en Tunisie et leur évolution depuis le début des années 80. Vient, ensuite, la mise en évidence des filières présentant un intérêt certain pour la Tunisie du fait de l'existence ou de l'abondance de la ressource, de la maturité des techniques, des questions sociales ou environnementales que leur développement permet de résoudre et du potentiel d'économie d'énergie que ces filières permettent d'atteindre. En effet, la Tunisie dispose d'un potentiel important de valorisation des énergies renouvelables modernes, estimé par l'étude stratégique à 1,3 Mtep cumulé à l'horizon 2010, à 7 Mtep à l'horizon 2020 et à 19 Mtep à l'horizon 2030. La mobilisation de ce potentiel permettra d'améliorer sensiblement l'apport des énergies renouvelables dans la consommation d'énergie primaire (hors biomasse) : 2,7% à l'horizon 2010, 5,6% à l'horizon 2020 et 6,5% à l'horizon 2030.1 La filière énergie éolienne pour la production d'électricité représente la part la plus importante de ce potentiel, soit 70% à 85% selon les horizons. En seconde place, vient le chauffage solaire de l'eau (10% du potentiel), puis le biogaz. Le photovoltaïque ne commence à avoir une contribution significative qu'après les années 2020. Sa justification est plutôt d'ordre social et / ou de positionnement technologique.