L'équipe de monitoring des médias publics et privés relevant du collectif des associations de la société civile et coordonnée par Sana Ben Achour a présenté, au cours d'une conférence de presse donnée hier au siège de l'Observatoire des médias, son troisième rapport sur la couverture des médias publics et privés au cours de la période allant du 1er au 23 octobre 2011. Il ressort de ce rapport que les sujets et les thèmes ayant trait à tout ce qui se rapporte aux élections( meetings et conférences de presse des partis, publicité politique, activités politiques des candidats, campagne médiatique....) ont occupé 68,03% de l'espace rédactionnel de la presse écrite contre 16,93% au cours du mois dernier. Cela s'expliquerait par le fait que cette période correspond à la campagne électorale alors qu'au cours du mois de septembre, elle était encore à ses débuts, les partis ayant juste présenté leur candidature pour les élections de la Constituante. Par ailleurs, le rapport montre que la plupart des journaux ne se sont pratiquement pas intéressés à la question du genre. Seul 0,23% de l'espace rédactionnel a été consacré au thème parité hommes femmes. En effet, peu d'articles se sont intéressés au débat relatif au rôle que la femme est appelée à jouer au cours de cette période de transition démocratique ainsi qu'à l'importance d'intégrer les droits de la femme dans la Constitution et de renforcer l'égalité entre les deux sexes. Articles d'information plutôt que d'investigation Ce rapport a fait, par ailleurs ressortir l'absence de traitement des divers genres journalistiques dans les journaux qui ont plus tendance à privilégier les articles d'information plutôt que l'effort d'investigation et de recoupement des informations et des données obtenues. 81% des articles parus sont des articles informatifs relève, en effet, ce rapport. L'équipe de monitoring s'est également intéressée à la publicité politique ainsi qu'à la propagande partisane dans la presse écrite. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, les partis n'ont pas beaucoup usé de la presse écrite pour faire leur propre publicité et présenter leurs programmes et leur vision de la Constitution. Selon les chiffres publiés par le rapport, la publicité politique a seulement occupé 1,32% de l'espace rédactionnel au cours de la période allant du 1er au 23 octobre alors qu'au cours du mois de septembre, elle représentait 57,51% de l'espace rédactionnel. S'agissant de la représentation des partis dans les journaux, les candidats des listes indépendantes ont bénéficié d'une couverture conséquente par rapport au gouvernement et aux autres partis. Ils sont classés en première position avec 18,51%, suivi du gouvernement, ce qui représente un taux inférieur par rapport à celui enregistré au cours du mois dernier. Le parti Enahdha: une grande visibilité dans le paysage médiatique Quant aux partis, le rapport a relevé que le parti Enahdha a bénéficié d'une grande visibilité dans les médias écrits. 9,80% de l'espace rédactionnel lui a été consacré par la presse écrite suivi du Parti Démocrate Progressiste qui a bénéficié de 6,7% de l'espace rédactionnel alors que l'Union patriotique libre (UPL) a connu une chute libre depuis le mois de septembre dernier, ne bénéficiant que de 4,5% de l'espace rédactionnel de la presse écrite. Ce rapport s'est également intéressé à la question de la neutralité des médias écrits et audiovisuels. 20,26% de l'espace rédactionnel consacré à la campagne électorale était dénué de neutralité au cours de la campagne électorale, estime l'équipe de monitoring. C'est le journal Essabah qui a montré le plus de neutralité au cours de cette période. Seulement 8,47% de ses articles présentaient un caractère subjectif. Par contre, les journaux Essarih et La Presse figurent parmi les médias qui ont manqué le plus d'objectivité au cours de cette campagne électorale. Alors que seulement 8,78% des articles d'Essahafa étaient dénués de neutralité, ce chiffre s'élève à 21,56% pour le journal La Presse, estime ce rapport. Radios et télévisions: absence de neutralité Concernant les différentes radios, 55,28% des débats consacrés aux élections n'étaient pas neutres. La radio publique «Radio-jeunes» et la radio nationale arrivent en tête des radios qui ont montré le moins de neutralité au cours du mois d'octobre. Concernant les radios privées, il ressort du rapport que la chaîne privée mosaïque a été la moins partiale contrairement à la radio Chems qui a fait preuve de plus de partialité au cours de cette campagne avec 43,22% de sa matière qui présentait un caractère neutre. S'agissant de la télévision, les programmes consacrés à la propagande électorale gratuite ont représenté près de 67,33% de la plage horaire . Les thèmes et les sujets relatifs aux procédures électorales ont occupé 82,58% de la plage horaire soit huit fois plus qu'au cours de la période écoulée. Les chaînes télévisées nationales n'ont pas non plus fait preuve d'une grande neutralité. Le rapport a montré que les chaînes télévisées nationales El Wataniya 1 et El Wataniya 2 ont traité toutes les informations et les données ayant trait aux élections et à la campagne électorale avec beaucoup de subjectivité. 90,42% de la matière journalistique diffusée par El Wataniya 2 manquait d'objectivité suivie d'El Wataniya 1 (75,03% de la matière journalistique dépourvue d'objectivité). Un des points négatifs qui s'est dégagé de ce rapport concerne la problématique du genre qui n'a pratiquement pas figuré dans les programmes radiophoniques et télévisées. En effet, la question des droits de la femme a pratiquement été totalement occultée au cours de cette période dans les médias écrits et audiovisuels, ce qui a de quoi susciter l'inquiétude. Seulement 5% de l'espace médiatique a été consacré à la femme en tant qu'acteur politique alors que les hommes politiques ont occupé largement l'espace dans le paysage médiatique.