L'importance de la fête de l'Aïd El Idha se révèle à Kairouan dans la précocité des préparatifs qui commencent deux à trois semaines avant le jour «J». D'ailleurs, beaucoup de familles procèdent à l'acquisition du mouton devant être sacrifié comme le veut la tradition perpétuée depuis le Prophète Ibrahim, qui devait sacrifier son fils Ismaïl par obéissance à Dieu, qui lui substitua un bélier. Ensuite, on procède à l'entretien des ustensiles de cuisine et à l'achat de tous les condiments nécessaires à la préparation de plats traditionnels, du qadid, du merguez et du osben. N'oublions pas les petits métiers qui, à cette occasion, ressuscitent et prennent vie et corps. Tel celui des aiguiseurs qui, tous les ans, à l'approche de l'Aïd El Kébir, reprennent du service. Outre les boutiques situées en plein cœur de la Médina, d'autres remouleurs s'installent à tous les coins de rue, proposant leurs services à des citoyens tout occupés à préparer la fête du sacrifice et à faire sortir les haches, les couteaux et les machettes qui ont besoin d'un coup de neuf. Ainsi, à longueur de journée, on a l'occasion de voir ces artisans s'affairer, aiguisant des lames rouillées pour qu'elles deviennent coupantes et reluisantes. Mohamed N., 63 ans, a établi des prix fixes pour aiguiser les ustensiles, à savoir : 2D le grand couteau, 3D le coutelas et 2,500D la hache. Evidemment, à la fin de la journée, le chiffre d'affaires se fait substantiel, de quoi rendre envieux beaucoup de chômeurs. Ainsi, et durant les deux semaines précédant l'Aïd, Kairouan prend un visage bien particulier, avec notamment la prolifération d'étalages qui proposent des accessoires métalliques pour les grillades, des barbecues et des kanouns. Et le jour de l'Aïd, d'autres personnes se reconvertiront en bouchers professionnels pour égorger et dépouiller les moutons.