L'importance de la fête de l'Aïd Al-Idha se révèle à Kairouan dans la précocité des préparatifs qui commencent deux ou trois semaines avant le jour «J.». Beaucoup de familles procèdent à l'acquisition du mouton devant être sacrifié comme le veut la tradition perpétuée depuis le Prophète Ibrahim qui devait sacrifier son fils Ismaïl, par obéissance à Dieu qui lui substitua un bélier. Ensuite on procède à l'entretien des ustensiles de cuisine et à l'achat de tous les condiments nécessaires à la préparation de plats traditionnels à base de merguez, d'osben et de kadid. N'oublions pas les petits métiers qui, à cette occasion, prennent vie et corps. Tel celui des affûteurs qui, tous les ans, à l'approche de l'Aïd Al Idha, reprennent du service. Outre les quatre boutiques permanentes situées en plein cœur de la Médina, d'autres rémouleurs s'installent dans plusieurs quartiers de la ville proposant leurs services à ces citoyens tout occupés à préparer la fête du sacrifice et à faire sortir les haches, les couteaux`et les machettes qui ont besoin d'un coup de neuf. Ainsi, à longueur de journée, on à l'occasion de voir ces artisans s'affairer aiguisant des lames rouillées pour qu'elles deviennent coupantes et reluisantes. Salah Nabli, 50 ans, a établi des prix fixes pour aiguiser les ustensiles, à savoir 900 millimes le grand couteau, 2D,300 le coutelas et 1D,800 la hache. Evidemment, à la fin de la journée le chiffre d'affaires se fait substantiel, de rendre envieux beaucoup de chômeurs. Cependant, le travail est bien fatigant lorsque la rotation de la pierre circulaire se fait au pied. Alors, certains utilisent des systèmes actionnés à l'aide de petits moteurs électriques. Ainsi, et durant les deux semaines précédant l'Aïd, Kairouan prend un visage bien particulier, avec notamment la prolifération d'étalages qui proposent des accessoires métalliques pour les grillades, des barbecues et des kanouns. Et le jour de l'Aïd, d'autres personnes se reconvertiront en bouchers professionnels pour égorger et dépouiller les moutons.