C'est, entre autres, le nez pendouillant de Pinocchio qui sortait d'une toile et venait caresser le sol de l'espace d'exposition (la curiosité du spectateur, avec), visité par Michela Margherita Sarti, lors d'un séjour étranger qui lui a inspiré le thème de la dernière exposition collective qu'elle organise et qui s'intitule «tridimention'art». La tridimentialité, un thème aux connotations et interprétations vastes, qui a bien inspiré certains des 22 artistes et avec eux la galeriste, qui exposent actuellement et jusqu'au 29 de ce mois, au salon des artistes «marsois» «Efesto». Une occasion aussi de souffler la deuxième bougie de l'espace, qui depuis sa création, sous la bienveillance du dieu du feu grec, protecteur des forgerons et des artisans qui lui a insufflé son nom, ouvre ses portes aux artistes, peintres et autres écrivains et poètes, leur permettant d'exposer, de s'exposer et de «palabrer» autour de l'art et de la culture. «C'est l'imagination qui donne au tableau espace et profondeur», écrit la galeriste, en citant Matisse, dans le texte de présentation de l'événement. L'imagination n'a pas été unanime dans cette exposition. Timide et même quasi absente dans certains cas, avec des interprétations trop plates et au premier degré de la troisième dimension, elle est heureusement intelligente et poétique dans d'autres. Sans conteste, c'est la photographie qui a le plus sublimé le thème, à l'instar des clichés «Regard découvert» et «Transparence violée» de Souhir Ben Yaala, qui figurent, via la force allusive de l'effet de la transparence profondeur, jeux de niveaux et contrastes. La photographie «Sens interdit» de Karim Kamoun, qui présente une vue plongeante de trois bouteilles de différentes dimensions, a su également dialoguer, tout en subtilité, avec la troisième dimension. Mais il n' y a pas que la photo, bien entendu. Il y a aussi la toile et le potentiel de son traitement qui ont révélé des lectures bien particulières de ce thème. A travers la technique du collage, Michela Margherita Sarti dans «Vue d'intérieur» et « Hot » met en perspective, dans une esthétique quasi baroque, des intérieurs tapissés de papiers collés de différentes provenances et meublés d'objets éparss et hétéroclites, le tout sous le regard d'un bien curieux personnage-cyclope féminin qui n'a pas froid aux yeux et qui se retrouve plongé dans cet espace, tout droit sorti de l'imagination de la galeriste. Zoubeida Daghfous, présente avec trois toiles, ne manque pas, à sa manière, d'honorer le thème avec la variation des couleurs, habillant ses personnages qu'elle veut féminins, «La battante», «Les deux nanas» et «Les deux poupées». Reste que dans l'ensemble, une sensation de retenue et de réserve est venue ternir le tableau et faire que la troisième dimension ait échappé à certains, en demeurant quasi plate et prisonnière du chassis. On aurait souhaité qu'elle vienne nous titiller et qu'elle nous explose en pleine face, à l'instar du nez de Pinocchio... Sont visibles également dans cette exposition, les travaux de Ahmed Abid, Ayedajou Tobi, Sabrina Belkhouja, Leila Ben Slimane, Hamza Chebbi, Yoann Cimier, Othman Taleb et d'autres encore.