• Belhaj Kacem nie en bloc avoir donné des instructions pour tirer sur les manifestants • Sériati affirme avoir rédigé le discours prononcé le 13 janvier par le président déchu ! • Report de l'affaire au 12 décembre L'affaire des victimes des événements sanglants qui ont eu lieu à Thala et à Kasserine pendant la révolution du jasmin a été reportée au 12 décembre prochain par le juge Chokri Mejri, en réponse aux demandes présentées par la défense des 23 accusés dans cette affaire qui a fait 22 victimes et 610 blessés. Dans sa lecture du rapport de la chambre de mise en accusation, le ministère public a exposé l'ensemble des faits auxquels sont confrontés les prévenus dont certains ont assisté à la séance en état de liberté alors que d'autres étaient en état d'arrestation, notamment l'ancien ministre de l'Intérieur, Rafik Bel Haj Kacem, Ali Seriati, ancien directeur du département de la sécurité présidentielle et nombre de directeurs généraux et directeurs chargés de la sécurité. La séance a été émaillée par les huées des familles des victimes et des blessés contre certains prévenus, qui ont appelé à une justice plus équitable afin de préserver le sang des victimes et de garantir la réparation des dommages à tous les blessés. Au cours de l'audition des prévenus, ces derniers ont nié en bloc tous les faits à eux reprochés, estimant qu'ils sont victimes d'un complot. Le juge n'a procédé à aucune confrontation mais il a rappelé à tous les accusés les faits dont ils sont accusés et a cherché à prendre connaissance de la participation de chacun d'eux à ces événements sanglants. Dans sa déclaration, Rafik Belhaj Kacem a estimé qu'il n'était pas au courant de certaines opérations mais qu'il se contentait de recevoir les rapports de la commission de suivi créée au sein de son département pour gérer la situation niant en bloc avoir donné des instructions pour l'usage d'armes à feu qui étaient selon lui du ressort du département de la sécurité. Ali Seriati, quant à lui, est allé même plus loin affirmant qu'il était l'auteur du discours du 13 janvier prononcé par le président déchu, se disant convaincu qu'il est la cible d'un complot d'autant plus qu'il n'était chargé que de la sécurité de la présidence de la République et des personnalités officielles, ajoutant que l'usage des bombes lacrymogènes a cessé depuis le 6 janvier à la suite de la rupture du stock national. De nouvelles quantités ramenées de Libye ne sont entrées sur le sol tunisien, a-t-il précisé, que le 14 janvier se disant étonné des déclarations faites quant à l'usage de ces armes au cours de la période du 6 au 14 janvier dernier. Adel Tiouiri, ancien directeur général de la Sûreté nationale, a aussi nié toute implication à ces événements sanglants, indiquant que les services de sécurité agissaient en fonction des tâches qui leur étaient attribuées et qu'aucun ordre de tirer n'a été donné. Autres informations fournies par des directeurs des unités d'intervention : le remplacement du général Youssef Abdelaziz par Moncef Laâjimi. Celui-ci a été dicté, selon lui, par les plaintes de la population de Thala qui a instamment demandé son départ. Il a aussi affirmé que toutes les unités déployées dans cette zone étaient équipées d'armes automatiques (revolvers et mitrailleuses) et qu'il était donc difficile de savoir avec précision qui a tiré sur la foule. Un autre accusé Béchir Bettib a déclaré qu'il était victime d'un complot fomenté par son supérieur d'autant plus qu'il n'a été arrêté que six mois après les faits, affirmant qu'il a quitté Thala le 12 janvier après avoir assuré le repli des forces de sécurité dont il était en charge. Quant à Khaled Ben Saïd, il a fait savoir que son rôle était de collecter les informations et qu'il n'avait aucune tâche sur le terrain, réfutant les accusations faisant état de sa participation aux événements qui ont ensanglanté Kasserine, ne cachant pas qu'il avait appris que le chef de poste (Samir Ouertatani) se trimbalait dans la ville pistolet à la main. L'affaire a été reportée au 12 décembre, mais plusieurs autres zones d'ombre devront être élucidées au cours des prochaines audiences. Nous y reviendrons.