Le conseil d'administration de la Banque centrale de Tunisie (BCT) a relevé jeudi, lors d'une réunion extraordinaire, «la poursuite des difficultés économiques», mettant en garde contre «les risques de leur aggravation vers une situation de crise, d'autant plus que la marge de manoeuvre au niveau de la politique monétaire est devenue très limitée». Il met en avant «une conjoncture économique mondiale difficile, surtout dans les principaux pays européens partenaires, ayant engendré des retombées négatives sur le rythme de la production et des exportations des principaux secteurs de l'économie nationale». En attendant une meilleure visibilité sur le plan des politiques économiques, «l'incertitude et l'hésitation se poursuivent chez les investisseurs locaux et étrangers, parallèlement à la détérioration de plusieurs indicateurs économiques et financiers», a averti la BCT. A cet égard, le conseil a appelé tous les intervenants à faire preuve de sagesse et de diligence pour assurer le démarrage de l'action du gouvernement et le retour du fonctionnement normal des rouages de l'Etat et des services publics, dans les plus brefs délais. L'objectif étant d'oeuvrer à rétablir la confiance et à redynamiser l'activité économique et l'emploi. Aussi, l'accélération de l'adoption du budget de l'Etat et de la loi de finances pour l'année 2012 constitue-elle, selon lui, l'un des principaux facteurs à même de donner un signal clair, à cet effet. Consacrer l'indépendance de la Banque centrale dans la Constitution D'autre part, le conseil d'administration a appelé hier, «à la consolidation de l'indépendance de l'institut d'émission, en l'inscrivant dans la loi organisant les pouvoirs publics et en la consacrant dans la Constitution». Il a rappelé la situation, prévalant notamment depuis le 14 janvier, «marquée par une marge importante d'indépendance de la BCT». Au cours de cette réunion, il s'est penché sur le statut institutionnel proposé pour la BCT, dans le cadre du projet de loi portant sur l'organisation provisoire des pouvoirs publics. L'article 17 de ce projet tend, en effet, à soumettre la Banque centrale de Tunisie à l'autorité du gouvernement, et ce, «contrairement aux attentes aspirant à une consolidation de l'indépendance de l'institut d'émission pour assurer les missions qui lui sont dévolues dans le domaine monétaire, avec l'efficacité requise», a précisé le conseil. Le conseil a souligné «la nécessité de fixer les conditions garantissant l'indépendance de la Banque centrale dont, particulièrement, les critères de nomination et de révocation du gouverneur, de désignation des membres du conseil d'administration ainsi que les modalités d'intervention et de contrôle et les mécanismes de responsabilisation et d'évaluation de l'efficience de la banque». Il a rappelé à cet effet que «l'indépendance des banques centrales et des autorités de contrôle et de régulation demeure l'une des principales orientations et évolutions, à même d'assurer la stabilité financière et de consacrer les principes de la bonne gouvernance dans les systèmes démocratiques développés et dans plusieurs pays en développement qui ont connu une nette avancée dans ce domaine».