De notre envoyée spéciale à Bruxelles Nadia CHAHED « Relations euroméditerranéennes à l'aube du printemps arabe», tel a été le thème d'un séminaire organisé le 29 et le 30 novembre à Bruxelles par la direction générale de la communication du Parlement européen en coopération avec la Commission européenne. Le but étant, tel que spécifié par les organisateurs, de donner aux journalistes des deux rives de la Méditerranée l'opportunité de se familiariser avec les outils et les projets de communication des institutions européennes et en particulier avec ceux qui touchent aux relations euroméditerranéennes Le séminaire a réuni environ une centaine de journalistes et de blogueurs des pays de la Méditerranée et notamment d'Egypte, de Tunisie et de Libye, pays qui ont vu tout récemment leurs dictatures s'écrouler et qui vivent une période particulière, à savoir celle de la démocratisation et de la réhabilitation des libertés en général et de la liberté d'expression en particulier. Le séminaire, articulé autour de quatre panels, a permis de revenir sur le rôle des institutions européennes dans l'appui à la démocratie et dans la création d'opportunités de nouveaux partenariats euroméditerranéens mais aussi sur l'échange d'informations entre médias et institutions européennes afin d'améliorer la compréhension et la coopération. Les médias sociaux et le printemps arabe et le rôle des médias en matière de lutte pour la liberté sont les thèmes autour desquels ont tourné les deux derniers panels du séminaire. Le débat a notamment permis de discuter et de cerner le rôle joué par les médias et les réseaux sociaux dans la mobilisation des populations lors des évènements qui ont secoué au cours de cette année des pays tels que la Tunisie, l'Egypte et la Libye, ainsi que les défis qui se posent aujourd'hui aux médias et aux journalistes de ces pays en termes d'information et d'édification de systèmes démocratiques. A l'occasion de l'ouverture des travaux du séminaire, Mme Rodi Kratsa Tsagaropoulou, vice-présidente du Parlement européen responsable de la politique d'information et de communication ainsi que des relations euroméditerranéennes, a salué le courage des populations qui, aspirant à la dignité et à la liberté, se sont révoltées dans la région du sud de la Méditerranée. Elle a, en outre, rappelé que le rôle des médias est essentiel pour assurer l'échange d'informations entre les deux rives ainsi que les échanges culturels et économiques porteurs de richesses, ajoutant que l'information est un élément clef pour répondre aux nouveaux défis qui se posent tant aux journalistes du sud qu'à ceux des pays européens en tant que partenaires de ces pays. Dans ce même ordre d'idées, la conférencière précise que la situation de la presse et de la liberté d'expression dans le monde est loin d'être rassurante du fait que seulement une personne sur six dans le monde vit dans un pays où la presse est libre. De son côté, M.Jean -Pierre Vandersteen, directeur général pour la communication à la CE, est revenu sur le déclenchement des révolutions dans les pays arabes et a noté, à ce propos, que ce sont des moments historiques que vivent ces peuples, ajoutant que des médias libres et indépendants sont la toile de fond de toute démocratie, du fait qu'ils créent un espace où le citoyen peut s'informer et participer activement à l'action politique et sociale. Le conférencier a, en outre, rappelé que les médias sociaux ont joué un rôle important dans l'aboutissement des mouvements revendicateurs qui ont éclaté un peut partout dans les pays arabes. S'agissant des nouvelles relations euroméditerranéennes, il a relevé que l'élimination des régimes autocratiques dans certains pays de la rive sud permettra de renforcer les liens entre les deux rives et permettra d'asseoir de nouvelles relations. Evoquant le rôle des institutions européennes dans l'appui à la démocratie, M.Gianni Pitella, vice-président du Parlement européen responsable des relations méditerranéennes, a souligné que la rive nord de la Méditerranée doit reconnaître ses erreurs et notamment celle d'avoir instauré un dialogue avec la rive sud basé sur l'échange économique contre la sécurité tout en fermant les yeux sur la dictature qui régnait dans ces pays. La seconde erreur, précise-t-il, est celle de ne pas avoir su comprendre à sa juste valeur le Printemps arabe et de s'être accroché à des questions telles que le nombre d'immigrés qui viendraient sur le continent européen. M.Pier Antonio Panzeri, président de la délégation pour les relations avec les pays du Maghreb et de l'Union du Maghreb Arabe, a souligné qu'il était essentiel de distinguer les spécificités de chacune des révolutions arabes et d'être conscient de cette multiplicité, précisant que le processus de changement dans ces pays ne fait que commencer et qu'on ne peut connaître aujourd'hui l'issue de ces changements. Concernant le rôle que doit jouer l'UE dans l'accompagnement de ces processus, le conférencier souligne qu'il faudrait faire preuve de discernement et que l'UE devrait modifier sa politique de voisinage. La nouvelle politique sera construite sur trois piliers, à savoir plus de ressources économiques pour plus de libertés, l'instauration d'une zone de libre-échange et d'intégration et la révision de la question de la mobilité en contrôlant le processus migratoire de façon à ce qu'il soit avantageux pour les deux rives.