• Objectif déclaré, laisser en place un gouvernement assez fort afin de protéger le pays contre le déclenchement d'une éventuelle guerre civile BONN (Reuters) — Les puissances occidentales ont réaffirmé à l'occasion d'une conférence sur l'Afghanistan organisée hier à Bonn leur soutien en faveur de Kaboul malgré le retrait programmé de leurs contingents militaires. Mais le ralentissement de l'activité économique en Europe, la crise de la zone euro et les tensions avec le Pakistan et l'Iran pourraient entamer leur détermination. L'objectif est de laisser en place un gouvernement afghan assez fort pour échapper au sort de celui qui était au pouvoir lors du départ de l'Armée rouge et s'est effondré en 1992 pour plonger le pays dans une longue guerre civile. «Les Etats-Unis entendent rester aux côtés de nos amis en Afghanistan», a dit dans l'ancienne capitale fédérale allemande Hillary Clinton. «Nous serons là avec vous au moment où vous prenez les décisions difficiles nécessaires pour votre avenir». L'Allemagne, pays hôte de la conférence, a cherché à envoyer le même message. «Nous lançons un message clair au peuple afghan: nous ne vous laisserons pas seul. Nous ne vous laisserons pas livrés à vous-mêmes», a déclaré le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle. L'orateur a ajouté devant un parterre de ministres des Affaires étrangères: «Nous ne devons pas répéter les erreurs du passé. (...) Ce ne sera pas la fin de la présence internationale en Afghanistan. Nous n'oublierons pas l'Afghanistan après 2014. Notre engagement se poursuivra». Dix ans après la première conférence de Bonn, consacrée à la reconstruction, les motifs d'inquiétude sont toujours aussi nombreux. Le premier d'entre eux reste évidemment la sécurité et les capacités des forces afghanes à prendre le relais, une fois les forces étrangères parties. Le partage des engagements financiers nécessaires à la formation de ces forces sera l'un des thèmes majeurs du rendez-vous de Bonn, tout comme le sort des négociations apparemment avortées avec les talibans. La crise américano-pakistanaise et la poursuite de la confrontation avec l'Iran risquent toutefois de leur voler la vedette. Islamabad, qui joue sans doute le rôle le plus décisif en ce qui concerne le sort de l'Afghanistan, a boycotté l'événement après la mort accidentelle de 24 de ses soldats dans un raid aérien de l'Otan, le 26 novembre. Cette «bavure» a réduit à néant les efforts déployés par Washington pour dissiper les tensions qui ont suivi la mort d'Oussama Ben Laden, tué le 2 mai par les forces spéciales américaines au cours d'une opération menée à l'insu d'Islamabad. Dans les chancelleries occidentales, on compte toutefois beaucoup sur le gouvernement pakistanais, lui-même aux prises avec une guérilla islamiste, pour convaincre les talibans afghans de s'engager sur la voie des négociations. «Cela pourrait prendre plus de temps pour réaliser nos objectifs mais nous ne devrions pas être dissuadés par la répugnance des talibans à s'asseoir autour de la table», a déclaré à la BBC le secrétaire au Foreign Office, William Hague. Autre voisin influent de l'Afghanistan, l'Iran pourrait également jouer les premiers rôles à Bonn. Téhéran a annoncé dimanche qu'un drone américain avait été abattu dans l'Est du pays. Cet incident est survenu en plein bras de fer diplomatique à la suite de la mise à sac de l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran par des manifestants, mardi dernier. Londres a fermé sa représentation en Iran et expulsé tous les diplomates iraniens en poste au Royaume-Uni. La France, l'Allemagne, l'Italie et les Pays-Bas ont également rappelé leurs ambassadeurs en poste à Téhéran en signe de solidarité avec Londres. Lundi à Bonn, le chef de la diplomatie iranienne, Ali Akbar Salehi, a réitéré l'hostilité de son pays au maintien d'une présence militaire américaine en Afghanistan après 2014. «Certains pays occidentaux cherchent à prolonger leur présence militaire en Afghanistan au-delà de 2014 en y maintenant leurs bases. Nous estimons que cette approche contredit les efforts déployés pour garantir la stabilité et la sécurité de l'Afghanistan», a-t-il dit. Parmi les bonnes nouvelles attendues à Bonn, pourrait figurer la reprise des versements en faveur du fonds de la Banque mondiale pour l'Afghanistan. Plusieurs pays donateurs, dont les Etats-Unis, ont cessé d'y contribuer lorsque le Fonds monétaire international a gelé en juin son aide à Kaboul, mais son revirement le mois dernier devrait permettre sa relance.