• Le chef du Pentagone a quitté la capitale afghane peu après l'atterrissage du Président iranien KABOUL (Reuters) — Le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad et le secrétaire américain à la Défense Robert Gates se sont croisés sans se voir hier en Afghanistan, où les troupes américaines combattent les talibans mais l'influence de la République islamique s'étend. A son arrivée à Kaboul, au moment où le chef du Pentagone bouclait une visite de trois jours, Ahmadinejad a affirmé à la presse que les troupes américaines et occidentales ne vaincraient jamais le terrorisme en livrant une guerre en Afghanistan. Au cours de sa visite, Gates a de son côté accusé l'Iran de jouer un double jeu en Afghanistan en se montrant amical avec le régime du Président Hamid Karzaï, tout en tentant d'en évincer les Etats-Unis qui le soutiennent. Il a dit avoir fait part de cette préoccupation à Karzaï. Les Etats-Unis, qui auront 100.000 soldats en Afghanistan d'ici à la fin de l'année, accusent l'Iran chiite de fournir un certain soutien aux insurgés sunnites afghans, bien qu'à une moindre échelle que l'aide qu'il fournirait aux miliciens chiites d'Irak, où combattent également les forces américaines. Lors de sa conférence de presse, à laquelle assistait son homologue afghan, le Président iranien a retourné l'accusation de double jeu à Gates : "Comment se fait-il que ceux qui veulent combattre le terrorisme ne réussissent jamais ? Je crois que c'est parce que ce sont eux qui jouent double jeu." "Ce sont ceux qui mettent les terroristes en orbite et qui maintenant disent : ‘‘Nous allons les combattre désormais''. Eh bien, ils ne le peuvent pas. C'est impossible." Comme s'il s'adressait directement à Robert Gates, il a ajouté : "Qu'est-ce vous faites même dans ce coin? Vous êtes à 10.000 km d'ici. Votre pays est à l'autre bout du monde. Que faites-vous ici ?" Karzaï au Pakistan Peu avant la conférence de presse du Président iranien, des agents de la sécurité afghane ont confisqué anxieusement les bouteilles d'eau minérale des journalistes, de crainte, selon l'un d'eux, qu'elles ne servent de projectiles pour agresser Ahmadinejad. En quittant Kaboul peu après l'atterrissage du Chef de l'Etat iranien, Robert Gates a présenté la visite de ce dernier comme "un encouragement clair à tous les conspirateurs". Il a admis que l'Afghanistan devait entretenir des bonnes relations avec tous ses voisins. "Mais nous voulons aussi que les voisins de l'Afghanistan jouent franc-jeu dans leurs rapports avec le gouvernement d'Afghanistan." L'Iran, qui abrite des millions de réfugiés de guerre afghans, exerce une influence croissante en Afghanistan, notamment dans la région frontalière de l'Ouest. "Nous avons assuré nos frères en Iran que nous ne voulons pas que notre sol soit utilisé contre nos voisins", a déclaré Karzaï, qui devait se rendre dans la journée au Pakistan, autre puissant voisin de l'Afghanistan.