La mort ne prévient pas, c'est la seule évidence, la seule vérité qu'il nous ait été donné de tester, chaque fois qu'un ami, un être cher qui était là, il y a quelques jours, quelques heures ou même quelques instants, s'en va nous laissant à notre peine, au désarroi devant cette fulgurance ...Le départ de Mohamed Ali Kembi est de ceux-là, par ce qu'il a coïncidé avec le plein de projets qu'il se promettait de mettre en œuvre avec la collaboration de ses collègues qui l'avaient élu à l'unanimité, en juillet dernier, pour diriger l'Institut de presse et des sciences de l'information. Dans une interview qu'il nous a accordée en novembre dernier, quelques semaines avant son décès, loin de jouer aux vedettes révolutionnaires, c'est la restitution de la vocation de l' Ipsi qu'il envisageait comme le principe essentiel de toute éventuelle réforme pour l'enseignement du journalisme. Ce principe reposant sur l'apprentissage de la science de l'information, en fonction des principes universels. Fort de la confiance de ses collègues et des édiles de l'enseignement supérieur, il était parti pour une tâche, pour des engagements où ses scrupules se répartissaient entre les enseignants, les programmes de formation, la rigueur (celle-ci ayant pris un coup dur tout au long des dernières décennies) et les étudiants. Pour assurer l'écoute de ces derniers, il avait tenu à en charger l'un des enseignants. Recueillir leurs doléances, inventorier les difficultés qui les empêchent d'évoluer convenablement dans leur cursus universitaire, ce fut là l'un des points qui lui tenaient à cœur dans la réforme qu'il avait commencé à élaborer au sein des commissions créées à cet effet. Dans son ensemble, cette intention n'était pas de tout repos, par ces temps où les médias se trouvent dans le collimateur des instances de protection de la révolution, par ces temps où chaque fois que l'information échoue quelque part, c'est l'Ipsi, en tant qu'instance de formation, qui se trouve mis à l'index. C'est un travail ardu qui l'attendait tout au long de l'année universitaire en cours et dont il avait délimité les pistes. La mort en a voulu autrement. Mais le mérite et l'intégrité qui le sous-tendaient sont à l'honneur de l'enseignant et du directeur qu'il était devenu et dont il avait assuré les charges aux dépens de sa santé et de son confort privé. Pour très longtemps encore, ses collègues, ses étudiants et l'ensemble du personnel administratif de l'Ipsi honoreront sa mémoire et le citeront comme l'un des enseignants les plus qualifiés et les plus scrupuleux de l'intérêt de ses étudiants, un collègue bienveillant et un directeur prenant à cœur ses fonctions et sa responsabilité.