•Le vote s'est déroulé dans le calme, à l'exception d'un échange de tirs entre partisans de candidats rivaux quelque part au Caire. Sept personnes arrêtées. LE CAIRE (Reuters) — Les Frères musulmans et leurs rivaux salafistes tentaient hier, à l'occasion de la deuxième phase des élections législatives égyptiennes, de conforter leur succès enregistré lors de la première phase. Les bureaux de vote ont ouvert à 06h00 GMT dans les neuf provinces concernées, dont celles de Suez et d'Ismaïlia dans l'Est, d'Assouan et de Sohag dans le Sud, et celles du delta du Nil dans le Nord. Certains quartiers du Caire voteront également. Le vote s'est déroulé dans le calme, à l'exception d'un échange de tirs entre partisans de candidats rivaux dans les parages d'un bureau de vote de la périphérie du Caire, a indiqué une source proche des services de sécurité. Sept personnes ont été arrêtées. Des affiches de candidats et de partis ont également été déchirées devant un bureau de vote de la capitale. Selon le ministère de l'Intérieur, l'arrivée tardive des juges chargés de superviser le bon déroulement du scrutin a retardé l'ouverture de 39 des milliers de bureaux le vote dans le pays. Le scrutin se poursuivra aujourd'hui et le second tour aura lieu les 21 et 22 décembre. Les résultats officiels du premier tour ne sont pas attendus avant samedi ou dimanche. La troisième phase des législatives aura lieu dans la première quinzaine de janvier et les élections à la Chambre haute s'étaleront de fin janvier à début mars, avant l'élection présidentielle prévue mi-2012, soit un an et demi après le renversement de Hosni Moubarak. «C'est la première fois que notre vote compte, nous voulons garder nos droits», a dit Fatma Sayed, fonctionnaire à Suez, rencontrée dans la file d'attente devant un bureau de vote. La première phase des élections a vu le parti des Frères musulmans, Liberté et justice (FJP), s'imposer devant les salafistes du parti Al Nour et les libéraux du Bloc égyptien. Dans le scrutin majoritaire uninominal, qui concerne un tiers des sièges, le FJP et ses alliés ont remporté 30 des 48 sièges attribués. Au scrutin de liste, les islamistes modérés ont obtenu 37% des suffrages exprimés, devançant Al Nour (24%) et le Bloc égyptien (13%). Coalition «Je pense que la tendance se poursuivra avec quelques changements mineurs», dit Hassan Abou Taleb, du Centre d'études politiques et stratégiques d'al-Ahrâm. «Le FJP arrivera en tête mais je pense que le pourcentage sera moindre par rapport à la première phase», ajoute-t-il, suggérant que certains électeurs, inquiets de l'imposition de règles religieuses dans la société, pourraient encourager les partis libéraux. Mohamed Badie, le chef des Frères musulmans, a tenté de rassurer les électeurs en assurant que le FJP formerait une large coalition. «Nous n'allons pas diriger l'Egypte seuls. Le Parlement représentera toutes les couleurs de l'arc-en-ciel qui devront s'accorder sur une direction, un but», a-t-il dit entre les deux phases électorales. Les libéraux, dont le total des voix (Wafd et Bloc égyptien) a atteint environ 20%, ont dit qu'ils se coordonneraient durant cette phase pour ne pas se faire concurrence. Leur campagne dans la rue s'est intensifiée. Plusieurs analystes estiment que les Frères musulmans préfèreraient s'allier aux libéraux qu'aux salafistes, partisans d'un islam plus rigoriste, pour mener une politique plus consensuelle. «Il y a une grande différence entre les salafistes et les Frères musulmans. Il y a entre eux une vraie compétition, du point de vue de leur idéologie et de leur expérience politique», observe Abou Taleb.