• Un drapeau militaire replié symboliquement en présence du chef du Pentagone, près de neuf ans après l'agression contre ce pays. BAGDAD (Reuters) — L'armée américaine a marqué officiellement hier la fin de sa présence en Irak en repliant symboliquement un drapeau militaire en présence du chef du Pentagone, Leon Panetta, près de neuf ans après l'agression contre ce pays . Les quelque 4.000 soldats américains encore déployés sur le sol irakien seront rapatriés avant le 31 décembre, laissant derrière eux un pays où le niveau de violences a chuté mais dont les institutions demeurent fragiles. «Après le sang versé par les Irakiens et les Américains, la mission visant à faire de l'Irak un pays capable de gouverner et d'assurer seul sa sécurité est devenue réalité», a déclaré Leon Panetta. «L'Irak va devoir faire face à la menace du terrorisme, à ceux qui sèmeront la division, aux problèmes économiques et sociaux», a ajouté le secrétaire à la Défense. «Des défis continuent d'exister mais les Etats-Unis resteront aux côtés du peuple irakien.» Près de 4.500 soldats américains et des dizaines de milliers d'Irakiens ont perdu la vie dans une guerre lancée par la campagne de bombardements de Bagdad, «Shock and Awe» (choc et effroi), avant de laisser place à des affrontements interconfessionnels entre la majorité chiite et la minorité sunnite jusque-là au pouvoir. Saddam Hussein est mort, une démocratie fragile est en marche mais les autorités irakiennes restent confrontées à une vague d'insurrection, à un délicat partage de pouvoir entre sunnites et chiites et à une économie chancelante, plombée par des coupures intempestives de courant et la corruption. A Falloudjah, qui fut un bastion de l'insurrection d'Al Qaïda contre les forces américaines et théâtre des batailles de rues les plus sanglantes, plusieurs milliers d'Irakiens ont célébré le retrait des troupes mercredi, brûlant des bannières étoilées et brandissant des photos de proches disparus. Stabilité Quelque 2.500 personnes, en majorité chiites, ont manifesté hier pour la seconde journée consécutive dans le district de Diyala (nord) devant le conseil provincial pour dénoncer l'idée d'autonomie de la province de Salah ad-Din, majoritairement sunnite. La police a fait usage de matraques et de canons à eau pour disperser les manifestants, selon des témoins. A l'heure où la situation en Syrie fait craindre un bouleversement du rapport de forces entre chiites et sunnites dans la région, la capacité des forces irakiennes à prendre le relais des Américains sera suivie de près par les pays voisins. Le président Barack Obama, qui avait fait du retrait des troupes une promesse électorale, a assuré au Premier ministre irakien, Nouri al Maliki, que Washington resterait un partenaire loyal de Bagdad après le retrait des dernières troupes. Les autorités irakiennes présentent le retrait des troupes américaines comme un nouveau départ sur la voie de la pleine souveraineté du pays, position qui peine à convaincre les Irakiens qui redoutent un regain de violences dans le pays. Après des années d'oppression du régime sunnite, la chute de Saddam Hussein a permis à la communauté chiite, majoritaire dans le pays, d'accéder aux commandes et de rééquilibrer le partage du pouvoir entre chiites et sunnites. Mais près de neuf ans après l'intervention américaine, de nombreux Irakiens craignent toujours une résurgence des tensions entre les deux communautés. Au sein même du gouvernement du chiite Nouri al Maliki, les divisions religieuses persistent et paralysent l'adoption de lois et de réformes. Au plus fort de la guerre, 170.000 soldats américains étaient déployés dans plus de 500 bases. Seuls 150 soldats américains resteront en Irak après le 31 décembre et seront rattachés à l'ambassade des Etats-Unis, à Bagdad. «Est-ce que ça en valait la peine ? J'en suis persuadé. Quand on est arrivé ici, le peuple irakien semblait heureux de nous voir», indiquait récemment Lon Bennish, sergent de 1ère classe, en pliant ses bagages. «J'espère que nous laissons derrière nous un pays qui se dit ‘On est mieux lotis maintenant qu'auparavant.'»