Les résultats d'une étude sur «les femmes et le travail informel» ont été présentés lors d'une rencontre organisée, hier, à la Cité des Sciences à Tunis. Cette étude s'inscrit dans le cadre du projet «Précarité économique et soutien aux droits des femmes» lancé par l'espace «Tanassof», relevant de l'Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement (Afturd) pour la période 2009-2011 et financé par la coopération espagnole. Il vise à renforcer les compétences économiques des femmes, leur faire connaître leurs droits et lutter contre toutes les formes de violence, notamment économique, à leur encontre, a souligné, en substance, Mme Neila Jrad, chef du projet. Evoquant le rôle du travail informel dans l'économie tunisienne, Moncef Zghidi, sociologue, a souligné que ce phénomène est universel et représente entre 10 et 50% du PIB et de l'emploi non agricole dans les pays peu industrialisés. En Tunisie, ce secteur est quasi exclusivement urbain et périurbain et il est fortement féminisé. Présentant les résultats de l'étude, Abderrahmane Ben Zakour, chercheur responsable de l'étude a souligné qu'elle a été réalisée sur un échantillon de 229 femmes de l'Ariana, de La Manouba et de Ben Arous. Il a souligné que le secteur informel en Tunisie couvre cinq domaines essentiels qui sont les microentreprises, les vendeurs ambulants, le commerce frontalier, la production domestique et les nouvelles technologies de l'information et de la communication. L'étude a révélé que la précarité touche 84% des femmes enquêtées, qu'elles soient salariées ou gestionnaires de leur propre projet. Dans ce contexte, le chercheur a relevé quatre indicateurs de précarité et de fragilité de l'emploi. Il s'agit de l'absence de qualification et de contrats de travail, un faible taux de couverture sociale et une faible ancienneté dans le métier. Seulement une dizaine de cas (4%) de femmes entrepreneurs gagnent bien leur vie avec un revenu mensuel supérieur ou égal à 600 dinars. L'orateur a indiqué que 60% des femmes interrogées aspirent à l'extension de leurs activités. La non-réalisation de ces aspirations semble liée au manque de moyens matériels et de connaissances techniques, outre l'absence de services d'encadrement. Il a ensuite proposé quelques recommandations qui pourraient servir d'actions concrètes pour l'Afturd comme le fait d'organiser dans les quartiers défavorisés des visites médicales périodiques et régulières gratuites ou à un prix symbolique, organiser l'aide pour permettre l'acquisition des médicaments nécessaires, organiser le soutien scolaire pour les enfants en difficulté, rapprocher les services financiers des femmes du secteur informel qui gèrent des microprojets, intervenir directement auprès des pouvoirs publics afin d'attirer leur attention sur la question du logement dans les zones déshéritées et créer un centre pour handicapés dans ces quartiers.