• Face à l'attentisme des investisseurs, ce sont les consommateurs qui bénéficient de l'assouplissement des conditions de crédits. • Les ménages allouent une large partie de leurs crédits pour l'acquisition de biens importés Depuis quelques mois le même communiqué se reproduit in extenso: «Le Conseil d'administration a décidé de maintenir inchangé le taux d'intérêt directeur de la Banque centrale de Tunisie et a recommandé de continuer à fournir la liquidité nécessaire aux banques afin de leur permettre de consolider leurs efforts de financement des entreprises et de stimuler la reprise du rythme de l'activité économique». En effet, les mêmes causes mènent aux mêmes conséquences et nécessitent les mêmes décisions. Mais l'objectif de relancer l'économie n'est pas encore atteint. D'où la question : pourrait-on remettre en cause de telles orientations de la politique monétaire ? D'abord, la BCT a continué de soutenir les banques dans leurs efforts de financement de l'économie. D'ailleurs, les besoins des banques en liquidités ne cessent de croître. Au mois de décembre courant, la BCT a injecté une enveloppe moyenne de 3.616 MDT. Le taux d'intérêt moyen sur le marché monétaire s'est situé à 3,39% au cours de la première période du mois de décembre. Théoriquement, cette baisse du taux d'intérêt est de nature à stimuler l'investissement et décourager l'épargne. En d'autres termes, les crédits coûtent moins cher, les coûts réels d'investissements baissent sensiblement et les dépôts ne rapportent plus assez de bénéfices. Aussi, les entreprises endettées, notamment en difficultés économiques, décaisseront de moins en moins des annuités de remboursement des crédits. Tensions inflationnistes Ce qui renforce leurs capacités d'endettement et accélère la réalisation de leurs projets. Mais en réalité, face à l'attentisme des investisseurs, ce sont les consommateurs qui ont bénéficié de ces nouvelles conditions de crédits. Dotés de budgets supplémentaires, les ménages élargiront la liste de leurs courses. Ces dépenses sont allouées en grande partie à des produits importés, notamment européens. De ce fait, ce sont les producteurs européens qui bénéficient de l'évolution de la demande intérieure tunisienne. En effet, pour satisfaire cette demande supplémentaire, à l'export, les entreprises européennes produiront plus et feront appel à leurs marchés de l'emploi. Du coup, on peut conclure que la facilité d'octroi des crédits contribue à la résolution des problèmes socioéconomiques des pays du Nord, notamment la stagnation économique et le chômage. S'agissant des prix, le conseil, dans son dernier communiqué, a noté que le taux d'inflation a atteint une moyenne de 3,5% à la fin du mois de novembre 2011, avec un certain recul des tensions inflationnistes. Certes, cette baisse atténue les craintes inflationnistes, mais un taux d'inflation supérieur au TMM représente un dysfonctionnement lourd de conséquences. Ainsi, la rémunération des fonds est inférieure à la dépréciation de la valeur de la monnaie. Une telle situation ruine les capitaux des banques, le pouvoir d'achat des citoyens et le budget de l'Etat!