Pas d'oisiveté pour les cinéphiles. Chaque année, la Ftca (Fédération tunisienne des cinéastes amateurs) profite des vacances scolaires pour organiser des stages de formation. Un bon nombre d'adhérents aux clubs Ftca, implantés dans différentes régions de la République, se sont retrouvés à Hammamet, au Centre culturel international, pour le stage hivernal dont le coup d'envoi a été donné l'après-midi du 21 décembre 2011. Au programme, des ateliers de photographie, de réalisation, d'écriture de scénario, de documentaire et une initiation au tournage et au travail d'équipe à travers la réalisation d'un film de la durée d'une minute. Cela fait vraiment plaisir de voir de nouvelles têtes parmi la population de la Ftca et de savoir qu'il y a même de nouveaux clubs qui sont en train de naître. Et c'est justement pour ces raisons là que le bureau de la fédération a décidé de réfléchir à l'idée d'une formation continue, plus ciblée et pour chaque club adhérent. Cela profiterait également à la production. Car, ces dernières années, la qualité des films proposés au Fifak (Festival international du film amateur de Kélibia) a visiblement régressé. Lors de la toute dernière session, la compétition était, le moins que l'on puisse dire, inégale, vu la grande qualité des films étrangers venus d'Espagne, d'Irlande ou même de Turquie. Une formation continue, avec des formateurs permanents, ne pourrait qu'aider ces cinéastes amateurs à entretenir leur passion. Mais qui sont ces stagiaires dont la plupart ont moins de 30 ans? Que cherchent-ils au juste en adhérant à un club Ftca? Que représente, pour eux, le cinéma? Un moyen d'expression ou une activité comme une autre? Sont-ils vraiment motivés pour apprendre les abc du 7e art? Certains donnent l'impression d'être pressés de voir leurs noms paraître au générique, à l'instar de leurs idoles, les Scorsese ou les David Lynch. D'autres sont plus préoccupés par «la technique» et n'attendent qu'une chose : tourner et utiliser les toutes dernières innovations en matière de post-production. Ils rêvent grand et leur projet ne fait pas forcément partie de leurs priorités. D'autres encore, malgré qu'ils aient vu très peu de films dans leur vie, et que dans leur région il n'y a presque plus de salle de cinéma, en redemandent. Ils s'accrochent aux ateliers pour s'initier à un art qui leur permettrait peut-être enfin de dire les choses autrement. Pour leur part, les formateurs en ont vu de toutes les couleurs, de tous les niveaux, de toutes les humeurs et de toutes les tendances. Cependant, ils savent qu'il faut faire preuve de patience, que leur mission n'est autre que de leur faire aimer le cinéma. Quelques-uns en feront peut-être, plus tard, leur métier. Mais l'important aurait été de leur avoir appris à «s'occuper à aimer» au lieu de «s'occuper à haïr». Le cinéma offre plusieurs visions du monde, donc une certaine flexibilité et ouverture d'esprit. Aujourd'hui, plus que jamais, nous en avons besoin.