• Lever du voile, aujourd'hui, sur le nouveau bureau • Message à Ben Jaâfar : inclure le droit au travail dans la prochaine Constitution Au terme de quatre jours de travaux, le 22e congrès de l'Ugtt , tenu du 25 au 28 de ce mois à Tabarka, n'est toujours pas arrivé, du moins au moment de la rédaction de ces lignes, à révéler tous ses secrets, et ce en raison du caractère exceptionnel de cette étape syndicalo-politique, mais aussi en raison de l'absence de programmes électoraux des candidats. Ce qui est de nature à troubler le jeu démocratique et à influer sur les choix et les tendances des congressistes. Contrairement aux congrès précédents, les profils des candidats ne sont pas visiblement identifiés et les derniers pronostics n'ont pas permis d'apporter un éclairage sur la composition du nouveau bureau. C'est le règne des murmures et des indiscrétions lancées ici et là. Infos et intox soufflent aux oreilles le pour et le contre pour tel candidat ou telle liste. Info ou intox, donc? Telle est la question ! Certains congressistes, par exemple, nous ont timidement livré des déclarations autour d'une liste « consensuelle » jugée avoir beaucoup de chance de réussite, «si les vents du vote ne changent pas de direction». Cette liste, appelée «Consensus syndical», demeure selon eux la plus représentative des structures régionales et sectorielles de l'Ugtt. Elle se composerait de 13 candidats dont MM. Hassine Abbassi, Belgacem Ayari, Mouldi Jendoubi, Mohamed Msalmi, Bouali M'barki, Hfayedh Hfayedh, Sami Tahri, Samir Cheffy, Abdelkarim Jrad, Noureddine Tabboubi, Kamel Saâd, Anouar Ben Kaddour et Kacem Ifia. Un communiqué explicatif a circulé, aux dernières minutes, précisant que ladite liste garde des membres de l'ancien bureau, proposant d'autres représentants de certains secteurs, alors que le reste porte des casquettes politiques à tendance nationaliste, démocrate et gauchiste (Poct, mouvement des nationaliste démocrate et des nationalistes...). A la clôture des travaux, hier en début d'après-midi, les congressistes se sont concentrés sur l'évaluation du parcours de la centrale syndicale, en lui reprochant certaines positions qu'elle avait prises lors des campagnes présidentielles organisées sous l'ancien régime. Des intervenants sont allés jusqu'à condamner l'organisation ouvrière pour avoir été impliquée, surtout pendant les années 90, dans des affaires de malversations et de dépendance politique, en allusion à son ex-secrétaire général et son premier rival actuellement, M.Ismaïl Sahbani. Celui-ci est pointé du doigt pour avoir mobilisé des adhérents de l'Ugtt au profit de son nouveau syndicat créé après la révolution. Lors d'une conférence de presse, donnée en marge des travaux, le porte-parole de l'Ugtt, M. Abid Briki, a rapporté que les congressistes ont également insisté sur l'indépendance de l'union et l'impératif de disposer de son autonomie de gestion, surtout qu'elle se prépare à entamer une nouvelle étape de son histoire politico-syndicale. La question de l'intégration de la femme au sein du bureau central a été reposée, avec la proposition d'y réserver deux sièges sur la base du quota. Or cela ne signifie pas sa désignation automatique au sein du bureau, mais son élection. La durée de l'Assemblée constituante a été aussi évoquée par les congressistes, soulignant qu'elle devrait élaborer la nouvelle Constitution dans une année, comme cela a été prévu. Par là même, ils ont recommandé d'y inscrire le droit au travail et les autres droits sociaux et économiques, non sous forme de préface, mais en tant que chapitres constitutionnels à part entière. Ce qui permettrait de préserver l'intégrité des travailleurs par tous les moyens. Dans la foulée, les congressistes ont envoyé au président de l'Assemblée nationale constituante, M. Mustapha Ben Jaâfar, un message dans lequel ils ont demandé de faire figurer clairement le droit à l'activité syndicale dans la nouvelle Constitution. Ils n'ont pas omis d'insister sur la liberté d'expression et l'indépendance des médias, vu leur rôle capital sur la scène nationale. Dans le même message, les congressistes attirent l'attention sur l'ampleur des dettes extérieures, qui risquent d'alourdir énormément le budget de l'Etat. Ils proposent de réviser à la baisse leur taux d'intérêt. Les signataires de ce message ont demandé au président de l'Assemblée de permettre aux membres de l'Ugtt de participer au débat parlementaire en tant qu'observateurs, afin de donner leurs avis sur les différentes questions et dossiers nationaux et de faire entendre la voix des ouvriers. Par ailleurs, les congressistes ont dénoncé les campagnes diffamatoires fomentées, à maintes reprises, contre l'Ugtt et sa direction, ce qui est de nature à porter atteinte à son image. Une campagne préjudiciable dont l'auteur, aux dires de M. Briki, est un des membres du Congrès du Parti pour la République (CPR), M. Tahar H'mila. «De telles atteintes inacceptables ne sont pas à la hauteur d'un lieu de souveraineté comme celui de l'Assemblée constituante, qui se veut une tribune indépendante placée au-dessus de tout soupçon», affirme M. Briki. En fin d'après-midi, les congressistes devaient, en principe, examiner le rapport général et les motions pour leur approbation, avant de s'attaquer à l'opération de vote pour élire un nouveau bureau de leur union. Résultats, aujourd'hui.