- Le Secrétaire Général, Taoufik Touati, suspendu et les bureaux de trois autres membres fermés. - Le département du règlement intérieur de l'UGTT parle de « dossier financier » - Taoufik Touati intente une affaire en justice Après les crises traversées par les unions régionales du travail de Nabeul et de Bizerte et qui ont conduit au changement des secrétaires généraux de ces deux structures, MM. Ghannem et Béjaoui, c'est au tour de l'Union Régionale du Travail de Tunis « URT » de s'installer dans la tourmente. Son Secrétaire Général, M. Taoufik Touati, a été suspendu provisoirement de toute activité syndicale par la commission nationale de discipline et les serrures des bureaux de trois autres membres de l'URT, Radhi Ben Hassine, Raoudha Hamrouni et Lotfi Letifi, ont été changées empêchant, ainsi, leurs occupants d'exercer leurs activités syndicales quotidiennes. Taoufik Touati a intenté un procès en justice. L'affaire a été fixée pour aujourd'hui. Les trois autres membres de l'URT ont porté plainte auprès de la centrale syndicale contre ce qu'ils qualifient de passe-droit. Mais qu'est-ce qui se trame derrière tout ça ?
L'URT dans la cartographie syndicale L'Union Générale Tunisienne du Travail, « UGTT », est l'unique organisation syndicale en Tunisie. Son unicité a fait qu'elle a une composition cosmopolite offrant un terrain propice aux luttes idéologiques et politiques. L'Union Régionale de Tunis accapare, en particulier, le gros de ces luttes. Tunis étant le siège de toutes les fédérations syndicales et l'URT réunit près de 20 % des adhérents lui conférant un statut spécial dans l'organisation en raison, entre autres, de son poids électoral lors du congrès national. Cette situation a fait que le poste de Secrétaire Général de l'URT a, toujours, fait l'objet de toutes les convoitises. Le titulaire de ce poste a, toujours, été l'ombre du Secrétaire Général à l'échelle nationale. Rappelons-nous le départ de Ali Trabelsi de l'URT, en 2001, suite à la sortie par la petite porte de Ismaïl Sahbani de l'UGTT. Lequel Taoufik Touati a pris la place de Ali Trabelsi lorsque Abdessalem Jrad a succédé à Ismaïl Sahbani. Touati a été élu en 2002 à la tête de l'URT et réélu en 2006. Quelques problèmes ont certes surgi au cours de ces deux mandats. Mais, le courant passait parfaitement entre la direction nationale de l'UGTT et celle de l'URT jusqu'au dernier congrès national de Monastir en décembre 2006. Taoufik Touati a fait partie d'une liste concurrente de celle du Secrétaire Général et, surtout, a fait bloc avec les opposants de la direction nationale dans la fameuse question des « deux mandats »
L'objet du différend syndicalo-politique Lors du congrès national de Djerba, en mars 2002, les congressistes ont voté un amendement du règlement intérieur de l'UGTT stipulant qu'un membre du bureau exécutif national ne peut rester en poste plus de deux mandats consécutifs. Lors du congrès de Monastir, la direction nationale de l'UGTT a fait une tentative pour revenir sur cet amendement. Mais les congressistes s'y sont vigoureusement opposés. Du coup, neuf membres du bureau exécutif se retrouvent sur le départ vu qu'ils ont été élus au congrès de Djerba et à celui de Monastir. Il s'agit de Abdessalem Jrad, Ali Romdhane, Mohamed Sâad, Abid Briki, Mohamed Chandoul, Ridha Bouzriba, Mohamed S'himi et Moncef Yâacoubi. Mohamed Trabelsi était sur le coup de la même décision mais il est déjà parti occuper le poste de représentant du Bureau International du Travail au Caire. Seuls quatre membres sont épargnés puisqu'ils en sont à leur premier mandat. Il s'agit de Moncef Ezzahi, Hassine Abbassi, Belgacem Ayari et Mouldi Jendoubi. Ils sont les seuls à pouvoir se représenter au prochain congrès. Cette situation n'est pas pour plaire à la majorité de la direction nationale élue à Monastir lors du dernier congrès de l'UGTT. Or, Taoufik Touati a été parmi ceux qui ont enfoncé le clou pour maintenir la question des deux mandats à la tête de l'UGTT. La direction nationale ne lui a pas pardonné cette prise de position et, du coup, elle a décidé de faire « le nécessaire » pour l'« éjecter » de son poste de Secrétaire Général de l'URT. Cette décision est d'autant plus imminente qu'une rumeur circule affirmant le désir de quelques membres, non-éligibles, de la direction nationale actuelle de l'UGTT de préparer le terrain à l'abolition de l'amendement des deux mandats et à la réinstauration du nombre illimité de mandats. Une telle perspective fait de Taoufik Touati « persona non grata » aux yeux de la direction nationale de l'UGTT du moment qu'il appartient à l'autre clan. Mourad SELLAMI
*** Ali Romdhane, membre du bureau exécutif de l'UGTT : « Les procédures du règlement intérieur de l'UGTT ont été respectées » Le Secrétaire Général adjoint de l'UGTT chargé du règlement intérieur, Ali Romdhane, explique : « Ce n'est pas du tout un règlement de compte électoral. Le département du règlement intérieur de l'UGTT ne s'intéresse pas aux noms. Il traite plutôt des dossiers. Nous avons reçu un dossier de la commission nationale de contrôle financier à propos des finances de l'Union Régionale du Travail de Tunis comportant plusieurs dépassements. Le département a transféré le dossier à la commission nationale de discipline qui a convoqué l'intéressé (Taoufik Touati) selon les règlementations en vigueur et lui a permis de constater les écarts qui lui sont reprochés. Toutes les démarches ont été exécutées selon les procédures dictées par le règlement intérieur de l'UGTT. »