• Purge dans la Garde républicaine SANAA (Agences) — Des milliers de Yéménites ont entrepris hier une marche de 50 km, afin de réclamer l'arrêt d'un conflit qui a contraint près de 100.000 habitants à fuir le sud du pays. Quelque 20.000 personnes ont, selon des habitants, quitté la ville portuaire d'Aden et pris la direction de Zindjibar, chef-lieu de la province d'Abian, où l'armée combat des éléments islamistes soupçonnés d'être liés au réseau Al Qaïda. Les participants à la marche appellent les deux camps à déposer les armes et ils ont demandé au gouvernement de rouvrir l'axe routier côtier qui relie Aden à Zindjibar. Cette voie essentielle aux échanges commerciaux est restée fermée au cours du conflit entre l'armée et les islamistes. Les islamistes et la branche régionale d'Al Qaïda, basée au Yémen, ont tiré parti de l'instabilité provoquée par le mouvement de contestation contre le président sortant Ali Abdallah Saleh. Depuis que ce dernier a transmis les rênes du pouvoir au vice-président, en vertu d'un accord de paix négocié sous la houlette du Conseil de coopération du Golfe (CCG), un nouveau gouvernement a été formé avec à sa tête une personnalité de l'opposition. La prochaine élection présidentielle est prévue en février. Les combats se sont toutefois poursuivis dans le Sud contre les éléments islamistes, ce qui a contraint 97.000 habitants à fuir la région. Plus de 300.000 autres personnes ont été déplacées par le conflit qui fait rage dans le nord du Yémen, selon les Nations unies. Parallèlement, le fils du président yéménite sur le départ, Ali Abdullah Saleh, est en train de mener une purge au sein de la toute-puissante Garde républicaine, unité d'élite qu'il commande, a annoncé hier un responsable militaire. La Garde républicaine est une des piliers du régime, et cette purge semble être une tentative de le maintenir en place, malgré l'accord de transfert de pouvoir prévoyant que Saleh cède les commandes après 33 ans à la tête du pays. Son fils Ahmed a déjà fait arrêter des dizaines de membres de la Garde républicaine, cherchant à se débarrasser de tous les officiers et éléments susceptibles de se rapprocher de l'opposition, a précisé ce responsable militaire sous couvert de l'anonymat. C'est grâce à la loyauté de la Garde républicaine que Saleh a réussi à se maintenir si longtemps au pouvoir malgré dix mois de manifestations de rues, malgré la pression internationale et malgré la tentative d'assassinat au cours de laquelle il a été blessé en juin, «Nous ne permettrons pas que cela soit copié ici. La force sera le moyen de gérer la moindre protestation», a déclaré le fils de Saleh à ses hommes, selon ce responsable militaire. Les téléphones portables ont notamment été interdits au sein de la Garde républicaine, et des perquisitions sont en cours dans toutes les unités et casernes. D'autres purges, visant d'éventuels mutins, ont également eu lieu au sein de la Sécurité centrale, dirigée quant à elle par Yahia, neveu d'Ali Abdullah Saleh. A Taëz, épicentre de l'insurrection, des centaines de soldats ont défilé dans les rues hier, réclamant que de hauts gradés ayant donné l'ordre de tirer sur les manifestants soient jugés. Ali Saleh a transféré le pouvoir à son vice-président et affirme vouloir quitter le Yémen pour les Etats-Unis. Washington n'a pas dit pour l'instant si un visa lui serait accordé. L'accord de transfert du pouvoir, qui prévoyait l'impunité pour Saleh, n'a pas réussi à calmer la colère de la rue, nombre de Yéménites voulant qu'il soit jugé.