Il semble que la culture est le dernier souci du gouvernement actuel issu des urnes, préoccupé qu'il est par des sujets estimés autrement plus urgents et plus graves. Cette démission presque volontaire ne date pas d'hier, puisqu'il a été vérifié et constaté que l'unique préoccupation du régime honni et banni était d'amasser les richesses du trésor public, de vider les caisses de l'Etat par des moyens machiavéliques où la ruse et la tromperie sont inscrites dans la légalité. Ces errements très graves ont fini par absorber et engloutir complètement toutes les énergies au point de faire fi des pièces du patrimoine archéologique, au grand mépris des valeurs qui s'y rattachent. La médiocrité et la corruption ont atteint tous les paliers et les niveaux de l'Etat jusqu'à la qualité de l'enseignement, tous cycles confondus ; le secteur de la santé, fer de lance à la pointe des avancées tunisiennes en matière de médecine, n'a pas été épargné. L'administration, jusque dans les unités hospitalières, a fini par être gangrenée. Lorsqu'on sait tout le mal qu'on s'est donné pour préserver de la perdition le patrimoine, vecteur de notre identité nationale, on demeure interloqué en présence de certaines dérives observées au niveau de la préparation à la formation de jeunes étudiants spécialisés dans les sciences de la préservation du patrimoine. Voilà un exemple combien éloquent de cette incurie ou manque de sérieux dont on ne saurait à qui l'imputer. Un laisser-aller intolérable qui s'est traduit la semaine dernière avec l'émission consacrée à la petite Loujen, atteinte d'une leucémie, dont les jours sont comptés faute de mobilisation pour réunir la somme nécessaire pour l'intervention qui doit se dérouler en France. Une association de jeunes bénévoles bizertins s'est créée pour venir en aide à cette gamine et s'est choisie pour nom Hippo Diaritus, appellation romaine de Bizerte. C'est là que le bât blesse et que la vulnérabilité de notre système éducatif transparaît dans tout son éclat. Dans la bande-annonce diffusée en bas de l'écran, la bourde est venue dans la transcription du nom latin de Bizerte ainsi que de sa prononciation. Il est inconcevable que de la part des médias on ne sache écrire ou prononcer le nom de cette ville. Serait-ce que nous nous sommes nourris d'illusions et de promesses trompeuses? Cela confirme à bien des égards l'indigence en matière d'histoire du patrimoine romain en Tunisie.