Notre Prophète s'appelle en fait « Aboul Qaçim Mohammad Ibn Abdellah Ibn Abdel-Mottaleb Ibn Hachem » ; mais c'est le deuxième prénom, c'est-à-dire « Mohammad », qui a survécu et qui désignera pour l'éternité un des hommes les plus marquants de l'histoire universelle. Déjà, dans l'ensemble des messagers de Dieu, et comparé aux Prophètes des autres religions monothéistes, il n'a pas son pareil tant il s'est distingué à plus d'un niveau dans les affaires et la vie de son peuple. Mohammad s'est en effet illustré en tant que chef politique et militaire, fut un guide religieux et spirituel d'une rare clairvoyance et d'une sagesse digne des plus grands patriarches de l'histoire et s'impliqua dans les questions sociales, économiques, culturelles, pédagogiques et juridiques de son temps. Homme d'un grand charisme, il ne laissa personne indifférent ni parmi ses partisans ni parmi ses détracteurs. Sa vie et son destin furent l'objet d'innombrables hagiographies et biographies écrites par des Musulmans et des non musulmans. Le nom du prophète de l'Islam connut lui aussi et connaît encore un remarquable destin. Orthographe et prononciation Littéralement, le nom de « Mohammad » signifie « digne de louanges », mais, dans son entourage comme dans le Coran, notre prophète fut également désigné par divers noms et surnoms: on l'appela ainsi Ahmed (le nom le plus récurrent), Mahmoud, Taha, Al Moustafa, Yassine, Al Hadi, Al Mokhtar, et surtout Al Amine (Le Probe). Dans les civilisations autres qu'arabes ou musulmanes, on l'appelle Mahomet (comme en France et en Angleterre), Mahoma (en Espagne), Maomé (au Portugal), Maometto (en Italie), Mahomed (en Roumanie). La transcription française actuelle, en l'occurrence Mahomet est dérivée de la forme latine « Maometus ». Mais aujourd'hui, on rencontre plus d'une orthographe dans la transcription occidentale du nom du prophète musulman : on écrit par exemple « Mohammed » ou « Muhammed » ou tout simplement « Mohamed » comme l'écrivent la plupart des Maghrébins. Sans doute, la présence de nombreuses colonies nord-africaines en Europe a-t-elle influencé l'orthographe et la prononciation de ce nom historique. Mais il faut reconnaître que même dans le monde musulman, il en existe aussi des variantes phonétiques et graphiques : chez les Berbères, on écrit « Mohand » (d'où peut-être le nom, à la mode ces derniers temps, de « Mouhanned »). Les Turcs, qui justement ont lancé la vogue avec ce nom inspiré d'un feuilleton désormais célèbre, écrivent « Mehmet » et « Muhammet ». Chez les Musulmans d'Afrique Noire, on rencontre « Mohammadou », souvent décliné en « Mamadou ». Que de variantes ! Chez nous, en Tunisie, les gens ont tendance à prononcer « Mohammid » et « Mohammed » plutôt que « Mohammad » comme dans le Coran et l'arabe littéraire. C'est d'ailleurs le cas dans la plupart des pays maghrébins. En Egypte et dans le Machreq, c'est la tendance inverse qui prévaut. En tout cas ici et là, on utilise plusieurs dérivés de « Mohammed » pour baptiser ses enfants lesquels peuvent s'appeler M'hemmed, M'hammed, Mahmoud, Hammadi, Hammouda, Hamda, Hamed, Hamid et H'mayyed (qui sont en même temps des diminutifs affectueux de « Abdelhamid »). Le diminutif « Hamma » est le plus répandu en Tunisie pour désigner les personnes appelées Mohamed. Il y a lieu de constater par ailleurs que le nom du Prophète s'ajoute souvent, dans les pays musulmans, à d'autres prénoms pour désigner une même personne : on peut de la sorte obtenir Mohamed Ali, Mohamed Salah, Mohamed Kamel, Mohamed Ridha, Mohammed Ahmed et parfois même Mohamed Mohamed ! Un nom fédérateur Le nom de Mohammed résonne toujours pour rappeler la mémoire d'un grand personnage de l'histoire universelle, et du fondateur d'une grande nation. A ce propos, il ne serait pas inutile de souligner que chez nous comme dans beaucoup d'autres pays musulmans, on désigne par le nom du Prophète toute personne dont on ignore le nom. C'est dire à quel point ce nom est à lui seul fédérateur des fidèles de tous bords !